Les femmes et les dettes
J'en suis presque tombée en bas de ma chaise: pour la majorité des Canadiennes sondées l'automne dernier par la firme de courtage TD Waterhouse, l'ultime réussite financière de leur vie n'est pas d'avoir amassé un joli magot en vue de leur retraite, investi en pleine crise immobilière dans 12 penthouses au centre-ville de Shanghai ou encore d'avoir acheté des actions de Google en 2004. Non. Leur ultime réussite, c'est de... payer le solde de leur carte de crédit chaque mois.
Wow! Quelle ambition! Entendons-nous: le problème n'est pas de vouloir régler le solde complet de sa carte de crédit chaque mois. C'est même plutôt brillant, en fait, car il s'agit là de dettes stupides. Je m'autoflagelle encore en pensant à cette carte de grand magasin que j'ai jadis «toppée» à coups de petites robes en solde, qui ont fini par me coûter - grâce aux 28 % d'intérêts mensuels - quatre fois plus cher que leur prix initial!
De bonnes dettes?
Seulement voilà, les dettes ne sont pas toutes aussi stupides. Il y en a des bonnes et des moins bonnes... comme pour le cholestérol. Or, définir sa propre réussite financière par l'absence de dettes (37 % des Canadiennes) plutôt que par le fait d'avoir épargné suffisamment pour la retraite (17 %), c'est un peu comme «s'enfouir la tête dans le sable», souligne Patricia Lovett-Reid, première vice-présidente de TD Waterhouse.
Cette aversion féminine pour les dettes proviendrai-telle d'une programmation cryptogénétique remontant à l'ère néolithique? Nos ancêtres femelles étaient-elles alors dépecées, puis livrées en pâture à des hordes de mammouths affamés dès que leur époux tardait à remettre un bout de bois emprunté à son voisin?