L'appel de la maternité
J'allais manquer de temps. Voilà ce que j'ai compris quelques mois après mes 40 ans. Mes déboires amoureux m'avaient laissée songeuse, mais lucide. Le temps de rencontrer un homme, d'apprendre à se connaître, de savoir s'il voulait des enfants, de cohabiter, etc. Trop long! Et puis, je voulais un enfant. D'aussi loin que je me souvienne, je m'étais imaginée être mère.
Décider d'adopter tout en étant célibataire n'a pas été une décision rationnelle. Ce fut un cri du corps. Tout en moi me disait que je voulais connaître ce que c'est d'être une maman. Une fois la décision prise, rien ne m'a vraiment ébranlée, pas même le flot de questions, de remarques et d'histoires d'horreur d'adoption que j'ai pu entendre.
Les préparatifs
En septembre 2006, s'enclenche ensuite une série de démarches qui me mèneront - presque un an plus tard - à serrer mon garçon dans mes bras. Qui l'aurait cru? Lors d'un de mes premiers appels aux agences d'adoption, j'ai parlé à une dame qui m'a dit que les adoptions pour les célibataires représentaient un faible pourcentage. Mince espoir. Elle a ajouté: «Ne vous découragez jamais!». Cette femme ne sait pas combien ce maigre encouragement m'a aidée. Cette pensée m'a animée pendant tout le processus. Je me raccrochais à cela, toujours. Un jour, il faudra que j'aille le lui dire.
Au début de janvier, je signe un contrat avec une agence pour une adoption au Vietnam. Intuition de future maman, je me voyais avec un bébé garçon. Je précise donc à cette rencontre que je désire un garçon entre 0 et 6 mois. Pas plus vieux. Je savais que ça limitait mes «chances», mais tant pis. Je fais les choses à ma manière. Je n'allais pas changer d'avis pour des considérations de probabilités.
Poussée par l'urgence et heureuse d'être dans une phase d'action, je me suis dépêchée de rassembler tous les documents pour compléter mon dossier: enquête policière, examen médical et évaluation psychosociale, entre autres. Le stress est palpable. Et surtout, malgré le soutien de ma famille, le soir quand je rentrais chez moi, j'étais seule. Immensément seule avec mon désir de maternité qui demeurait, malgré tout, inébranlable.
Tout est finalement prêt pour le dépôt final à la mi-avril. Ensuite... l'attente. Pour lâcher prise et pour fuir tous les «Pis? As-tu eu des nouvelles?», je suis partie, le 23 juillet, en vacances à Saint-Jean-Port-Joli... avec un portable. Pressentiment?