Le petit homme de ma vie
Le petit homme de ma vie
Probablement! N'ayant pas pu me joindre au téléphone, on a envoyé par courriel ma proposition d'adoption. Ma connexion Web étant hyper lente, j'ai vu apparaître ligne par ligne la photo de mon fils. Il était tellement beau! Il avait deux mois et demi. C'était lui... mon enfant du bout du monde.
Mi-septembre, je suis dans l'avion avec une amie en direction du Vietnam. Dans mes bagages, tout le nécessaire pour prendre soin de Florent. Dans mon coeur, tout l'amour du monde pour lui, déjà. Quel soulagement de partir. J'étais à nouveau de retour dans l'action.
Le groupe de parents adoptifs et moi attendions tous dans le lobby l'arrivée de nos enfants. Quand la petite fourgonnette est arrivée, j'ai été la première à me lever et à aller le chercher. Il était tout menu, tout beau. Pourtant, une foule de questions voguaient dans mes pensées dont la principale: va-t-il m'en vouloir de ne pas avoir eu de papa? J'ai vu l'orphelinat où il habitait. Rien de lugubre, au contraire. C'était beau, vivant et bien décoré. J'ai la certitude au fond de moi que, même si parfois certains de ses besoins primaires n'ont peut-être pas été comblés, Florent était bien là-bas.
On a passé les 21 autres jours du voyage à faire connaissance, tranquillement. Je ne sortais que très peu. Je n'avais pas le goût d'aller visiter ou de faire des sorties. Ce qui m'importait le plus, c'était le lien précieux que je tissais alors avec mon jeune homme.
De retour au Québec, à l'aéroport, j'étais tellement heureuse de le présenter enfin. C'est un jour inoubliable! Ensuite? La vie, toute simple. J'ai rallongé mon congé pour rester un an avec lui. Florent, c'est le petit homme de ma vie... en attendant de rencontrer le plus grand! Car je ne mets pas une croix sur ma vie amoureuse. Je continue de croire qu'il y a plein d'hommes qui veulent des enfants - ou qui en ont déjà - et qui me choisiront quand même. Dernièrement, j'ai plutôt lâché prise là-dessus. Quand ça arrivera, ça arrivera. C'est tout. J'ai davantage confiance en la vie. Je me sens plus forte. Je me sais capable de surpasser tous les obstacles. Je suis plus sage, peut-être, aussi.
Cet été, une dame rencontrée dans un parc s'est approchée de nous et m'a demandé si Florent avait été abandonné et si je l'avais adopté. Devant mon affirmation, elle s'écrie: «Vous lui avez sauvé la vie!». Du tac au tac, j'ai répliqué: «Il a plutôt sauvé la mienne!». Et je suis repartie avec cette idée au fond de moi. Venu du bout du monde, ce petit bonhomme m'a profondément changée... pour le mieux.