Une pour trois, trois pour une!
Bien souvent, je me suis demandé ce qu'étaient devenues mes amies de jeunesse, celles avec qui j'ai partagé mes jeux, mes disques, mes premiers émois. Depuis, nos liens se sont rompus. Et, à voir tous ceux et celles qui partent à la recherche de leurs anciens amis d'école, je suis loin d'être la seule dans ce cas. Pourtant, il y a eu des moments de bonheur, de grande peine aussi, où j'aurais donné cher pour qu'elles soient là...
Oui, je les envie, ces copines d'école qui ont su garder leur relation tissée serré à travers toutes les étapes de l'existence. Quel est le secret de leur longévité amicale: partager les mêmes valeurs, les mêmes intérêts? Comment réussissent-elles à éviter les frictions, les chicanes? Et les conjoints, les enfants, au milieu de tout ça? Ces amies de longue date se voient-elles encore (un peu) comme à 16 ans, malgré leurs transformations physiques? À ces questions, elles ont donné, en toute franchise, des réponses joyeuses, stimulantes et inspirantes.
Une pour trois, trois pour une!
Comme les trois mousquetaires, elles auraient pu se pointer à l'entrevue à quatre, et même à six! «On est tout un groupe d'anciennes copines. On planifie d'ailleurs un voyage à Cuba en gang, au printemps prochain!»
Le trio, c'est le cœur de la bande, animé d'une dynamique perceptible au premier coup d'œil. Quand Arline Tremblay (50 ans), Sylvie Proteau (50 ans aussi) et Andrée Grandmaison (le «bébé» de 48 ans) arrivent, elles déplacent un vent de fraicheur et de complicité où flotte un léger parfum d'adolescence.
Complices, on le serait à moins: ça fait déjà 35 ans qu'elles se connaissent! Ça nous ramène donc au début des années 70. Arline et Sylvie ont été les premières à se rencontrer. «On devait avoir 11 ans, raconte Sylvie. C'était au primaire, pendant un match de basket. J'avais repéré Arline mais je n'osais pas lui parler. Il me semblait qu'on avait le même style, les mêmes idées. C'est important à cet âge-là, c'est ça qui nous définit.»
Au secondaire, inscrites au Collège Saint-Pierre d'Oka, elles ont sympathisé grâce à des amis communs. Andrée s'est greffée plus tard aux deux autres, qui fréquentaient alors la Polyvalente Deux-Montagnes. «On y a monté le café étudiant!» s'exclament-elles en chœur. «Et puis, poursuit Arline, on a fait de la radio étudiante; c'est ça qui nous a rassemblées.» Et comment ça se passait, à la radio? «C'était pas mal libre, se rappelle Andrée. (rires) À l'époque, on était en 4 e et 5 e secondaire. La direction n'avait pas beaucoup de contrôle sur nous.» Sylvie précise à son tour: «On mettait les nouveaux disques qui venaient de sortir, et ça jouait à fond la caisse dans le fumoir. Les gens venaient nous demander: "Hé, c'est qui ce groupe-là?" La radio, on ne faisait que ça. Et en 1974, si on n'allait pas à nos cours, les profs n'appelaient pas nos parents...»