Respect et civisme
"Sois polie!» J'entends encore la réplique cinglante de maman à quelqu'une de mes effronteries, bénigne sans doute, mais tout de même inacceptable à ses yeux. Car pour elle, l'éducation des enfants passait sans conteste par la politesse. Je n'ai pas été aussi formelle avec mon fils. Cela dit, je lui ai néanmoins transmis l'essence même du savoir-vivre : le respect de l'autre.
En fait, la politesse a toujours régi les relations humaines. Qu'elle soit nommée courtoisie, bonnes manières, étiquette, galanterie, bienséance, civisme ou urbanité, elle reste «la grâce de l'esprit», comme disait le philosophe français Henri Bergson. Être poli, selon lui, c'est ouvrir sa «sensibilité morale» à «l'amour de l'égalité». Ou, si vous préférez la définition d'Emmanuel Kant, un autre illustre penseur, «avoir le sens de l'humanité ». Ça consiste à reconnaître la valeur de l'autre, lui dire «Je vous accueille parce que vous êtes mon semblable»... ce qui n'est pas rien!
La politesse devient ainsi l'expression de l'altruisme, de la bonté, de la civilisation. L'envers de la barbarie. Mais quel rapport y a-t-il entre ce noble concept et les codes pointus de l'étiquette?
Essentiel, le civisme...
Les règles de base de la courtoisie traduisent justement ce «savoir être ouvert» à l'autre. Depuis la nuit des temps, elles s'adaptent aux cultures et aux époques dans le but de faciliter la vie en société, d'arrondir les angles, de «polir » (voilà l'origine du mot politesse) les relations entre les membres d'une communauté. Aussi les retrouve-t-on tant chez les animaux (eh oui!) que dans les hautes sphères diplomatiques, sous forme de comportements destinés à rassurer les autres («Je ne vous veux pas de mal»), tout en s'assurant soi-même de ne pas être attaqué.
