Les mamies d'aujourd’hui? Quelle énergie!
À l'éducatrice du service de garde qui lui demandait comment reconnaître sa mamie, la petite Alice a répondu: «Quand tu vois arriver un pétard, c'est elle!» On est loin de l'image de la grand-maman à chignon, tranquillement assise sur sa chaise berçante... «Ça dit tout!» s'exclame le pétard en question, la sexologue et «sexosophe » Jocelyne Robert, en me relatant l'anecdote. «Alice me perçoit comme sa grand-mère, bien sûr, mais aussi comme une femme, et une femme séduisante en plus!»
Cette mamie bien de son temps avoue n'avoir pu prendre pour modèles ses propres grands-parents: «C'est la première fois de l'histoire de l'humanité qu'on est obligé de dissocier la notion de vieillesse de celle de grand-parentalité», écrit-elle dans Les femmes vintage , son plus récent essai (Les Éditions de l'Homme, 2010).
À ce propos, l'auteure renchérit avec un constat lucide sur le décalage générationnel entre les mamies de jadis et celles d'aujourd'hui: «Il est démontré que les nouvelles grands-mères s'investissent davantage auprès de leurs petits-enfants que ne l'ont fait leurs propres grands-mères auprès d'elles et que ne l'a fait leur propre mère auprès de leurs enfants à elles. N'est-ce pas un curieux phénomène? Avec un horaire bien plus trépidant qu'autrefois, ces femmes qui ont conquis le marché du travail, lutté pour leurs droits, affirmé leur liberté sexuelle, s'activent fougueusement à tricoter, plutôt que des chaussettes, des relations significatives avec leur petite-marmaille! Les divorces, séparations et secondes unions des hommes renforcent naturellement cette propension: le commando des nouvelles célibataires de 50 ans et + est composé de femmes qui sont forcément plus disponibles, ou qui ont une meilleure qualité de disponibilité, pour choyer leur descendance. Elles tissent des liens, tricotent de l'histoire et tressent le souvenir.»