Au secours, je déparle! Cas vécus
Nathalie Noël, 42 ans, est du genre à «déchiclager» du papier (un mélange des termes déchiquetage et recyclage), à aimer regarder la «laine plume» (au lieu de pleine lune) et à constater que sa «bouchette est toilée» (quand elle veut dire que sa toilette est bouchée).
Ce délire sémantique, appelé communément «déparlage», ne s'améliore pas en vieillissant, note sa soeur Kathy, 38 ans, atteinte du même trouble, quoique dans une moindre mesure: «C'est de famille, constate-t-elle, ma mère a toujours déparlé elle aussi. Ce qui nous fait d'ailleurs beaucoup rigoler!»
Chez les Noël, les femmes du clan présentent à peu près tous les cas de confusion lexicologique, des simples lapsus à la fréquente recherche de mots courants, en passant par les phrases sans queue ni tête.
Encore récemment, Kathy aidait une copine à préparer une salade et finissait de trancher des avocats lorsqu'elle lui a demandé s'il fallait mettre les légumes... dans la poubelle! «Évidemment, j'aurais dû dire "dans le bol à salade", mais comme il y avait une poubelle dans mon champ de vision quand j'ai posé la question, c'est ce mot-là qui est sorti», raconte-t-elle.
Je suis bien placée pour la comprendre, car c'est exactement ce genre d'anomalies langagières qui m'arrive le plus souvent: je dis par exemple à ma fille d'enfiler son pyjama (plutôt que son maillot) avant d'aller à la piscine, de mettre la lessive au frigo (plutôt que dans la laveuse) ou de vider la litière des chattes dans le bain (plutôt que dans le sac à ordures).