Au secours, je déparle! Qu'est-ce que cette langue?
«Chacune d'entre nous dispose d'un manque de mots», continue Mme Caouette, réalisant aussitôt qu'elle vient elle-même de commettre un lapsus: «Une banque de mots, corrige-t-elle en riant. Or, il arrive parfois qu'on ait du mal à accéder à cette banque. Résultat?
On cherche une expression et on n'arrive pas à s'en souvenir ou on fait ce qu'on appelle du télescopage verbal: on a les syllabes ou les lettres de chaque mot, mais on les inverse et ça donne un terme inventé.» Comme les «bouchettes toilées» de Nathalie Noël.
Dans certains cas, il s'agit toutefois d'une condition innée, souligne Mme Caouette: «On retrouve ainsi quelques-uns de ces problèmes d'accès lexical chez les personnes souffrant de dysphasie et de dyslexie ou encore chez celles qui ont des troubles d'apprentissage.»
Mais quelle langue parlons-nous donc en vieillissant?
Les différentes manifestations du «déparlage» s'intensifient effectivement avec l'âge, constatent les spécialistes interviewées. «Lorsque les femmes atteignent la ménopause, elles subissent une baisse d'estrogène qui a pour effet d'accentuer la fatigue, note la Dre Johanne Blais. Et comme elles sont plus fatiguées, elles perdent de leur concentration.»
À partir de ce moment, des problèmes de mémoire surviennent: on se met à chercher ses mots, le prénom du voisin ou celui d'une collègue. Lorsque les symptômes des femmes ménopausées sont trop aigus et que la qualité de vie s'en trouve affectée, la Dre Blais prescrit une hormonothérapie, qui favorise notamment un sommeil réparateur.
Outre la fatigue et le manque de concentration, le cerveau vieillissant croule aussi sous une masse d'informations accumulées depuis 40, 50 ou 60 ans. Tout comme le disque dur d'un ordinateur qui finit par afficher complet puis se met à éliminer certains documents avec le temps, le cerveau fait la même chose, explique la Dre Blais: «Il enregistre moins de données et en rejette lui aussi.»