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Psycho - Le TDAH troublant, après 40 ans!

Après une crise de larmes au bureau, Maude* réalise que quelque chose ne tourne pas rond. Elle souffre du TDAH.

Modifié le :
2010-05-03 15:39
Publié le :
2010-04-29 11:03
Par:
Isabelle Ducas

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TDAH - Présent aussi chez les adultes

Distraite, toujours en retard, épuisée et complètement désorganisée?

Maude a appris qu'elle souffrait en fait du trouble déficitaire de l'attention avec ou sans hyperactivité.
Un diagnostic surprenant... quand on a plus de 40 ans.

La première fois que j'ai contacté Maude pour ce reportage, j'ai attendu plusieurs jours sa réponse à mon courriel. Puis, son coup de fil n'a pas retenti au moment convenu. J'ai aussi dû la relancer à quelques reprises pour préciser une information, peu après notre entrevue. «Je m'excuse, mais c'est justement un des problèmes causés par mon déficit d'attention», m'a-t-elle expliqué en riant lorsque j'ai finalement réussi à la joindre.

Des symptômes anodins
Aujourd'hui, cette professionnelle de 40 ans, mère de deux enfants, est parfaitement capable de blaguer quand elle parle de son trouble de déficit d'attention avec ou sans hyperactivité (TDAH). Mais en novembre 2008, le jour où elle a fondu en larmes à son travail, Maude n'avait vraiment pas envie de rigoler. Elle se préparait alors pour une allocution devant des collègues sur un sujet qu'elle maîtrisait sur le bout des doigts. «Or, cinq minutes avant d'entrer dans la salle, j'ai paniqué et je me suis retrouvée en position foetale dans les toilettes, racontte-elle. Au lieu de faire ma présentation, j'ai quitté le bureau sans le dire à personne et j'ai abouti dans un CLSC pour demander de l'aide.» Maude était dans tous ses états... sans trop savoir pourquoi. Elle qui adorait son poste (gestionnaire de projet dans le domaine des arts), connaissait très bien ses fonctions, appréciait ses collègues et son patron, elle n'avait objectivement aucune raison de flancher ainsi, pensait-elle.

Quelques mois plus tard, toujours au boulot, nouvelle crise de larmes provoquée par une broutille. Cette fois, Maude décide de consulter un psychologue. «À notre deuxième rencontre, il m'a dit que je souffrais peut-être d'un TDAH. Pour moi, ç'a été une révélation! J'avais l'impression de voir la lumière au bout du tunnel!»

*Prénom fictif à la demande la personne interviewée.

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TDAH - De l'enfance à l'âge adulte

Car soudain, tout s'explique pour Maude!

Sa désorganisation, son désordre, sa procrastination, ses oublis et retards répétés, ses problèmes de concentration - encore maintenant, elle est incapable de lire un roman! -, sa tendance à ne pas terminer ce qu'elle commence, sa faible estime d'elle-même, sa propension à parler sans mesurer ses paroles...

«Au secondaire, rappelle-t-elle, on me surnommait Bing Bang! J’étais très prompte, je disais toujours ma façon de penser... et je le regrettais ensuite.» Il a suffi de quatre lettres - TDAH - énoncées par son psy pour jeter un nouvel éclairage sur toutes les embûches qui avaient jalonné sa vie.

Petite fille brillante, Maude était première de classe au primaire sans beaucoup d'efforts, même si elle avait tendance à être dans la lune et mal organisée. Au secondaire, toutefois, la situation s'est corsée: l'adolescente trouvait difficile de se concentrer sur les matières au programme. Dès lors, elle s'est jetée dans le sport pour dépenser son trop-plein d'énergie. Au cégep, en sciences humaines, ses notes étaient faibles... ce qui ne l'a pas empêchée d'obtenir son diplôme. Les études étant très valorisées dans sa famille, elle a décidé de poursuivre sa formation en arts, à l'université. «Quand je commençais une lecture compliquée, je m'endormais à tout coup», se souvient-elle. Mais grâce à sa bonne mémoire et à sa capacité de noter textuellement les propos de ses profs, elle a réussi à décrocher son bac.

Par la suite, Maude occupe plusieurs emplois intéressants dans le milieu culturel. «Mais je ne me suis jamais sentie à la hauteur, admet-elle. Je me demandais toujours pourquoi les gens m'avaient embauchée.» Comme elle a encore du mal à s'organiser, elle doit constamment travailler plus fort pour accomplir ses tâches. Résultat: elle a toujours l'impression de frôler le burnout .

Toujours éparpillée!
À la maison, elle rame tout aussi fort. Peine perdue, le bordel règne: «Je commence à faire la vaisselle, puis je pense à quelque chose que j'ai oublié dans ma chambre... Une fois sur place, j'aperçois du linge sale, ce qui m'incite à entreprendre une brassée de lavage. Bref, je suis toujours éparpillée! s'exclame-t-elle. Sans compter que je n'ai pas toujours la notion du temps. Par exemple, on peut être sur le point de sortir en famille et je me lance quand même dans la préparation d'un gâteau!» Heureusement, ajoute-t-elle, «j'ai la chance d'avoir, depuis 23 ans, un conjoint compréhensif et très zen».

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TDAH - Ressources et bonnes adresses

Il y a une dizaine d'années, Maude a vécu une dépression. Avec le recul, elle se demande si son TDAH n'avait pas quelque chose à voir avec la détresse qui l'a envahie à ce moment-là.

Car maintenant, elle peut pointer du doigt le coupable - ce fichu sigle de quatre lettres! - pour toutes ces difficultés qui lui empoisonnaient l'existence.

Plus jamais sans mon Ritalin!
Après sa rencontre avec le psychologue qui l'a orientée sur cette piste, Maude a consulté un médecin, qui l'a à son tour recommandée à un psychiatre. Elle est revenue de son rendez-vous chez le spécialiste avec une ordonnance de Ritalin. Eh oui, le médicament si controversé qu'avalent chaque jour des milliers d'enfants hyperactifs... Dans un premier temps, Maude a ressenti quelques effets secondaires (tremblements et insomnie). Mais après quelques mois, elle se dit enchantée d'y avoir eu recours: «Je suis maintenant capable de m'organiser, de planifier et de focaliser mon attention sur ce que j'ai à faire.»

Plus consciente de ses lacunes, Maude a également procédé à d'autres ajustements dans sa vie quotidienne. Par exemple, elle dépose toujours ses effets personnels au même endroit (pour les retrouver plus facilement) et elle essaie de moins s'en mettre sur les épaules, ce qui contribue à réduire son anxiété. «Au début, je prenais mes médicaments seulement la semaine, les jours où je travaillais, raconte-t-elle. Mais mon chum a vite constaté que, durant le weekend, j'étais de mauvaise humeur et pas fonctionnelle du tout. Bref, c'était la désorganisation complète! Vous savez, lorsqu'on demande à la blague: "La madame n'a pas pris sa pilule à matin?" C'était à cette image-là que je ressemblais.»

Aujourd'hui, Maude ne se passerait plus de son Ritalin. S'il le faut, elle se dit même prête à en prendre pour le reste de sa vie: «C'est ma béquille, comme quelqu'un qui a besoin de lunettes!» Elle compte également entreprendre sous peu une psychothérapie dans le but de continuer à explorer ses limites et de découvrir d'autres moyens de les contourner.

Sachant que le TDAH est souvent héréditaire, elle s'inquiète bien sûr un peu pour ses enfants, qu'elle observe pour tenter de vérifier s'ils sont aussi étourdis qu'elle pouvait l'être à leur âge. «Chose certaine, s'ils sont atteints du trouble en question, je serai en mesure de les aider pour qu'ils puissent vivre avec, dit-elle. Je pourrai leur donner des trucs pour s'organiser, leur suggérer des façons d'améliorer leur concentration. Moi, si j'avais eu ces outils-là dans ma jeunesse, je n'aurais peut-être pas besoin de médicaments.»

Maintenant qu'elle a mis le doigt sur son bobo, Maude s'efforce de mieux se comprendre pour mieux fonctionner. «Ce que je souhaite, c'est de pouvoir dire, d'ici cinq ans, que je suis parfaitement bien dans ma peau, que j'ai une vie de famille équilibrée et que je suis satisfaite de mon travail.»

Besoin d'aide?

  • Association québécoise des troubles d'apprentissage (AQETA): 514 847-1324 ou aqeta.qc.ca .
  • Regroupement des associations de parents PANDA du Québec: 1 877 979-7788 ou associationpanda.qc.ca .
  • Dre Annick Vincent, psychiatre et auteure du livre Mon cerveau a encore besoin de lunettes et du DVD Portrait du TDAH (Impact! Éditions, 2005). Info et tests: attentiondeficit-info.com .
  • Linda Walker, coach spécialisée en TDAH: coaching-tdah.com .

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TDAH - Diagnostic et Traitements

Les adultes qui pensent souffrir de TDAH font face à un problème de taille: en effet, rares sont les généralistes qui connaissent bien cette dysfonction, et le délai pour obtenir un rendez-vous avec un spécialiste peut s'avérer très long.

Évaluation et diagnostic chez les adultes
«Pour les adultes, l'évaluation médicale est plus complexe que pour les enfants. Or, ce ne sont pas tous les médecins qui acceptent d'y consacrer le temps qu'il faut», souligne Éliane Goffoy, coordonnatrice à l'association Parents aptes à négocier le déficit d'attention (PANDA) de la MRC de L'Assomption, qui peut diriger la clientèle (adultes et enfants) vers un médecin ou un spécialiste des environs. Ailleurs au Québec, l'AQETA et certaines associations PANDA offrent aussi un service de référence, mais l'aide varie selon les régions.

Cela dit, même sans diagnostic officiel de TDAH, des médecins acceptent de prescrire - lorsque la situation l'exige - des médicaments comme le Ritalin ou le Concerta, qui stimulent le système nerveux central. «Toutefois, comme le tiers des adultes souffrant de déficit d'attention ont des problèmes de toxicomanie, on devrait éviter de prescrire de tels médicaments trop facilement», précise la Dre Christiane Laberge, omnipraticienne au CLSC de Lachine, qui traite de nombreux patients aux prises avec le TDAH.

Bon nombre de «déficients attentionnels», comme certains d'entre eux se désignent, tentent aussi de réduire leurs symptômes par la psychothérapie, le coaching, la méditation, l'homéopathie ou la mélatonine (hormone du sommeil, pour contrer l'insomnie). «Mais le plus important, c'est d'avoir une bonne hygiène de vie: faire de l'exercice, suivre une routine et dormir suffisamment, explique Linda Walker, coach spécialisée en TDAH. Il faut aussi savoir reconnaître les moments de la journée où on est plus productif, apprendre à gérer les interruptions et, surtout, trouver un travail intéressant, qui permet de mettre à profit ses atouts.» Car les «déficients attentionnels» en ont, des atouts: ils sont souvent très créatifs, dynamiques, enthousiastes et spontanés.

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TDAH - Indices révélateurs

4% des adultes en sont atteints
Souvent considéré comme un problème d'enfants, le trouble déficitaire de l'attention avec ou sans hyperactivité (TDAH) touche 5 % des jeunes. Mais saviez-vous que 4 % des adultes en seraient aussi atteints?

«Or, chez les adultes, seulement 10 % des personnes concernées sont diagnostiquées et traitées», explique la Dre Annick Vincent, psychiatre de Québec, spécialiste du TDAH chez les adultes et mère de quatre garçons, dont deux souffrent de ce trouble.

Les adultes consultent généralement après qu'on a diagnostiqué le problème chez leur enfant. Ils se renseignent alors sur les symptômes... et s'y reconnaissent souvent à leur tour. Sur son site Web, la Dre Vincent décrit le TDAH comme un problème neurologique et héréditaire, qui entraîne des difficultés à contrôler et à freiner les idées, les gestes et les comportements.

En voici les principaux symptômes:

  • Faible capacité de concentration (bougeotte des idées).
  • Difficulté à s'organiser au quotidien et à long terme, à terminer des tâches et à gérer le stress et la frustration.
  • Oublis fréquents (rendez-vous et autres obligations).
  • Procrastination (report des tâches difficiles, notamment parce qu'on appréhende les échecs).
  • Impossibilité de rester immobile (tendance à remuer ou à se tortiller les mains ou les pieds).
  • Impulsivité et sautes d'humeur.
  • Faible estime de soi.
  • Persistance de ces symptômes depuis l'enfance.

Mise en garde de la psychiatre
On peut présenter certains symptômes sans pour autant souffrir de TDAH. «Des oublis, tout le monde en fait, dit-elle. C'est l'intensité et la fréquence qui rendent la situation problématique. Si la personne oublie plein de choses chaque semaine depuis son enfance, ça devrait lui mettre la puce à l'oreille.» Sur le site de la Dre Vincent ( attentiondeficit-info.com ) et ailleurs sur Internet, on trouve des questionnaires qui permettent non pas de poser un diagnostic, mais de déterminer si on doit consulter un médecin pour pousser plus loin l'investigation... et, surtout, recevoir de l'aide.

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La version originale de cet article a été publié dans le numéro de Février-mars 2010 du magazine Vita .

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Commentaires

  • alakazou0's avatar alakazou0 a écrit :

    2010-05-18 3:34 PM

    Moi aussi je souffre du tdah et je trouve ca tres dure car incapable den gardez mes jobs pourtant je me donne a 100% et ca ne fonctionne jamais.J'ai pris du ritalin aucun changement
  • lucytremblay's avatar lucytremblay a écrit :

    2010-07-06 10:45 AM

    je vais avoir 50 ans en octobre j ai recu mon diagnostique a l age de 42 ans pour le tdah, dans mon cas je ne peux pas prendre de ritalin, a cause del augmentation de l anxiété, je dois vivre avec la pluspart des symptomes, tres désagréable, dont le pire pour moi est de me facher souvent si on rajoute la ménaupose avec ca, ouf j ai de la misere a m endurer moi meme la plus part du temps. je suis contente d avoir lu un article sur le sujet parce que on a tendence a penser que a l age adulte le probleme disparait et bien non. tres difficile a vivre et autant pour le conjoint ou conjointe.
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