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Mémoire trouée cherche trucs futés

Oublis? Trous de mémoire? À moins d'avoir hérité d'une mémoire vive avec garantie prolongée, nous éprouvons toutes de légères défaillances à cet égard…

Modifié le :
2010-03-11 13:54
Publié le :
2010-03-10 17:42
Par:
Karine Vilder

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Trous de mémoire - la mémoire qui flanche

Même si je sais pertinemment qu'il s'agit d'un anglicisme, je préfère - et de loin! - le mot «blanc» (de mémoire) au mot «trou» pour désigner le vide laissé par le trucbidule-machin-chouette qui m'échappe momentanément.

Je visualise alors dans ma tête une minuscule page vierge que je peux m'empresser de tourner au lieu d'avoir l'impression d'être au bord d'un précipice chaque fois que ma mémoire me fait faux bond.

Mon pire souvenir de panne absolue au boulot?
Oublier au cours d'une réunion capitale le nom de mon propre patron, disparu - pfuitt! - dans les méandres de mon cerveau. Comme le monsieur en question était chauve et qu'il se prénommait Jacques, je l'ai finalement appelé... Kojak. Le plus terrible, dans cette histoire cocasse mais rigoureusement vraie, c'est que je ne suis même pas fichue de me rappeler comment j'ai réussi à m'en tirer sans trop perdre la face.

La mémoire qui flanche
Selon un sondage réalisé en juin 2008 par l'institut Ipsos* sur les troubles de mémoire liés à l'âge (TMLA), 6 répondants sur 10 (âgés de 40 à 60 ans) ont admis avoir eu, au cours de la précédente année, des pertes de mémoire à court terme.

Ai-je alors été soulagée d'apprendre que je n'étais pas la seule à ressentir ce type d'«absences» et qu'elles étaient même relativement fréquentes chez les plus de 40 ans? Oui et non. Oui, parce que j'avais désormais la certitude que je ne souffrais pas précocement d'alzheimer, et non, parce que j'ai aussitôt compris que mon cas n'allait pas s'améliorer avec le temps. Car les TMLA font en effet partie du cortège d'affections courantes qui accompagnent inévitablement ridules et cheveux gris.

* Sondage effectué auprès de 1390 adultes (de 40 à 60 ans) et de 349 proches aidants de patients atteints d'Alzheimer au Canada.

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Trous de mémoire - normal avec les années

«Moi, ça me fait capoter, s'exclame Nadia Provencher*, 58 ans, conseillère en développement d'affaires.

Je ne peux pas croire qu'avec mes 30 ans d'expérience je sois aujourd'hui obligée de développer des trucs et d'avoir deux agendas pour caser tout ce qui n'entre plus dans ma tête. Devis à faire, dossiers en attente, meetings, dates de tombée, clients à relancer...

Quand j'en ai parlé l'an dernier à mon médecin parce que ça m'inquiétait, il m'a dit en souriant: "Dans la vie, on ne peut pas tout avoir. La jeunesse et l'expérience, la mémoire et une enviable réussite professionnelle. C'est comme ça." Je suis sortie de son cabinet rassurée mais aussi un peu déprimée, me disant que j'allais bientôt avoir besoin d'un troisième agenda...»

À croire qu'il n'y a effectivement pas de justice en ce bas monde. On travaille fort toute notre vie et dès qu'on commence à cueillir les fruits de notre dur labeur, on s'aperçoit qu'ils ont parfois un drôle d'arrière-goût.

«Avant de sauter aux conclusions, il faut cependant savoir qu'il y a différentes formes d'oublis et que chacune peut être tributaire d'une mémoire différente, prévient Nicole Caza, chercheuse en neuropsychologie à l'Institut universitaire de gériatrie de Montréal (IUGM). En fait, il y a plusieurs sortes de mémoire.»

Or, à mesure qu'on avance en âge, quelques-unes d'entre elles perdent en efficacité pour la simple et cruelle raison que certaines fonctions de notre cerveau déclinent - puisque ce dernier, comme tout organe, vieillit. En revanche, d'autres types de mémoire se bonifient avec les années. Incroyable mais vrai! Des personnalités comme Denise Filiatrault, Lise Payette, Jane Fonda ou Marguerite Yourcenar sont d'ailleurs là pour le rappeler à notre souvenir. Fiou!

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Trous de mémoire - d'où viennent ces fuites?

D'où viennent ces fuites?
«On sait que plusieurs de nos mémoires - dont la mémoire prospective (liée aux tâches à accomplir), la mémoire épisodique (celle des évènements autobiographiques) et la mémoire de travail (dite primaire ou à court terme) - sont affectées par le vieillissement, note Nicole Caza.

Mais à quel moment précis ces changements s'opèrent-ils? Impossible de le prédire sur une base individuelle, car ça dépend de plusieurs facteurs (niveau de scolarité, état de santé, etc.) qui varient d'une personne à une autre. Nous évoluons toutes à des rythmes différents. Et si notre voisine commence à oublier des choses, ça ne veut pas dire qu'on aura les mêmes problèmes sous prétexte qu'on a le même âge.»

Tôt ou tard, ces défaillances sporadiques risquent néanmoins de se manifester au travail, surtout les jours où on ne sait plus où donner de la tête. Et qu'il faut retrouver sur-le-champ la clé de la salle de réunion, les coordonnées d'un client ou une pile de dossiers égarée... Mais de quoi étais-je en train de vous parler, déjà? Ah oui! Des fuites de mémoire. Avant que ça finisse par me sortir de l'esprit, je vous transmets subito presto les renseignements que j'ai récoltés à ce sujet. Par exemple, quand...

On oublie les noms de nos collègues
Il n'y a généralement pas lieu de s'inquiéter pour cela. «Les noms de personnes sont des informations particulièrement difficiles à mémoriser et, par conséquent, plus susceptibles d'être oubliées, assure Nicole Caza.

Ainsi, lorsqu'on voit un gros animal avec un très long nez, on pense tout de suite à l'éléphant. Mais quand on aperçoit un être humain, on ne peut pas déduire son nom puisqu'il est propre à chacun. Pour le deviner, il n'y a aucun indice. Alors lorsqu'on nous présente quelqu'un, on doit faire l'effort de retenir son nom, que ce soit en le répétant plusieurs fois ou en procédant par association d'idées insolites. On vient de rencontrer un monsieur Dupuis? Pour mieux se rappeler son nom, on l'imagine avec un puits renversé sur la tête et de l'eau qui lui dégouline sur le visage!»

Et si on tombe sur une vieille connaissance dont on a oublié le nom? Carole Petel, vice-présidente aux ventes de l'entreprise Macaron et quinquagénaire depuis peu, a un truc presque infaillible pour se tirer d'embarras dans un tel cas : « Quand j'ai la chance d'être accompagnée d'un collègue représentant - appelons-le Paul -, je m'empresse de dire : "Ah, vous ne connaissez pas Paul?" En général, la personne dont le nom m'échappe se présentera spontanément d'elle-même au Paul en question. »

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Trous de mémoire - types d'oublis

On oublie un rendez-vous
«S'il y a une sorte de mémoire importante au travail, c'est bien celle qu'on qualifie de prospective, liée aux actions futures, souligne Nicole Caza.

C'est elle qui nous rappelle, par exemple, de commander du café en prévision de la prochaine réunion ou de passer un coup de fil à un client dans une demi-heure.

Or, il a été démontré que ce type de mémoire était très sensible au vieillissement.» Le problème nous frappe de plein fouet? On peut, comme le fait Nadia Provencher, s'en remettre aux agendas ou aux aide-mémoires en tous genres. «Contrairement à ce qu'on pense, ça ne rend pas la mémoire paresseuse, précise Mme Caza. En fait, ça la rend même plus efficace, car quand on écrit une information, on l'encode plus profondément dans notre mémoire parce qu'on y a consacré du temps et de l'attention.»

On oublie l'endroit où on a rangé un dossier
« Non, on n'est pas amnésique pour autant! s'exclame Nicole Caza. De nos jours, on fait souvent mille choses en même temps. Et quand on est distraite, on accorde moins d'attention à l'emplacement précis où on laisse un dossier.

Or, la mémoire est très sensible à notre capacité d'attention et de concentration. » Rien d'étonnant à ce qu'on cherche nos dossiers si on les a rangés en pensant à autre chose, car plus on vieillit, plus notre capacité à accomplir plusieurs tâches à la fois s'amoindrit, l'attention étant ici plus en cause que la mémoire. Étions-nous au téléphone ou interpelée par un collègue lorsque nous avons classé ce fichu dossier? Ah-ha! Voilà le problème! Pour y remédier, il suffit de se concentrer sur chacune de nos actions... ou du moins d'essayer.

« Maintenant, quand je suis débordée, je fais 10 minutes de méditation pour me recentrer, confie Marie-Claire Viel*, 47 ans, travailleuse autonome dans le secteur agroalimentaire. Après, j'ai les idées plus claires et je m'éparpille moins. J'en avais marre de passer des heures à essayer de retrouver des notes importantes ou... le câble d'alimentation de mon portable!»

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Trous de mémoire - comment les colmater?

On oublie le principal...
À savoir qu'il y a aussi des types de mémoire - notamment la sémantique - qui résistent bien aux effets délétères du vieillissement.

« La mémoire sémantique est celle des connaissances (vocabulaire, histoire, littérature, géographie, etc.) et elle s'accroît avec les années, explique Nicole Caza. Par exemple, si on me demande d'écrire un texte sur la mémoire, j'ai de bonnes chances d'être aussi rapide - sinon plus - qu'un jeune adulte, parce que je peux me servir de tout mon bagage acquis au fil du temps. »

Et comme notre mémoire procédurale (celle des actions automatisées, telles que conduire, créer un document Power-Point ou utiliser un télécopieur) est également préservée, ces atouts combinés nous permettent parfois d'être encore plus efficace qu'une petite jeune! « Je réussis à compléter six dossiers par jour, alors que ma collègue de 32 ans n'en finalise en moyenne que trois, déclare fièrement Louise Tremblay, une aide-comptable de 64 ans. Le mois dernier, mon employeur m'a même demandé de reporter la date de ma retraite! »

Bref, même si nos « blancs » de mémoire nous en font voir de toutes les couleurs, il n'y a pas encore lieu de se mettre à broyer du noir!

Comment colmater les trous?

  • Veiller d'abord à dormir au minimum huit heures par jour, car le surmenage et le manque de sommeil perturbent la mémoire et l'attention.
  • Développer des automatismes en plaçant les objets usuels (clés, combiné du sans-fil, agenda, etc.) toujours au même endroit.
  • Portez une attention spéciale à votre alimentation. Certains aliments peuvent nourrir votre mémoire .
  • Marcher pendant l'heure du lunch pour s'oxygéner le cerveau.
  • Régler les choses le plus rapidement possible. En laissant davantage de place à ce qui s'en vient, on évite de surcharger sa mémoire de travail.
  • Enfin, adopter une attitude positive chaque fois qu'on a un trou de mémoire. « Comme ce phénomène fait partie du processus normal de vieillissement, il faut l'accepter et le prendre à la légère, dit la chercheuse Nicole Caza. On perd peut-être un peu de mémoire, mais, en revanche, on a d'autres atouts pour compenser. Il suffit simplement de miser sur nos forces... » Et sur notre sens de l'humour!

La version originale de cet article a été publiée dans le numéro de Novembre 2009 du magazine Vita .


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