Chasse à l'homme: Les 7 commandements

Seule depuis... trop longtemps, j'ai pris le pli de dormir en diagonale dans mon lit queen et d'aller au cinéma en solo. Ce qui me manque le plus, au fond, c'est la confortable intimité de couple.. Je parlais de cette nostalgie à Francine, une amie de fraîche date, célibataire elle aussi. «Pourquoi n'essaierais-tu pas les sites de rencontres sur Internet?» m'a-t-elle demandé. Consultante en gestion dans la cinquantaine, Francine est devenue sur-le-champ ma coach de drague, elle m'a aidée à formuler les sept commandements de la parfaite chasseuse d'hommes.

1. La bonne attitude tu auras
«La première chose à retenir, dit Francine, c'est d'avoir l'air disponible. Si tu t'assois à une terrasse avec un livre, enfermée dans ta bulle, personne ne t'adressera la parole.»
Mais après 40 ans, des enfants, un divorce et plusieurs séparations, comment revenir «sur le marché» sans se sentir à la fois ridicule et perdante d'avance?

Selon Ginette Martin, psychologue, «Il faut commencer par laisser de côté les idées préconçues selon lesquelles une femme n'est plus séduisante après 40 ans.» Bref, on oublie les pensées défaitistes du genre «J'ai passé la limite, mon ticket n'est plus valable». «L'amour n'est pas réservé à une catégorie d'âge, il est universel», note la psychologue, qui conseille à cet égard de dresser la liste de nos atouts. Il n'est pas superflu non plus de se poser les questions suivantes: «Qu'est-ce qui me rend unique? Quelles sont mes valeurs? Qu'est-ce que je veux partager?»

«Pour se préparer psychologiquement à amorcer une nouvelle relation, ajoute Ginette Martin, il est préférable d'avoir fait son deuil des anciennes, même si c'est parfois douloureux.» En effet, il n'existe pas de plus sûre garantie d'échec que de parler sans arrêt de nos ex! La paix avec notre passé s'impose.

Reste à régler le problème de la séduction après 40 ans. Signalons d'abord que, si on paraît moins jeune, c'est surtout aux yeux des 20-30 ans et non à ceux des hommes de notre génération, (souvent plus à l'aise avec des femmes de leur âge). Et puis, après 40 ans, on séduit davantage par ce qu'on dégage que par notre apparence... à condition d'en être soi-même convaincue!

2. À ton réseau le mot tu passeras
Selon ma coach Francine, c'est la première démarche à entreprendre. «Si tu ne dis pas à ton entourage que tu es prête à rencontrer quelqu'un, on ne te présentera personne, assure-t-elle. Tes amis connaissent bien tes goûts et seraient ravis de faire ton bonheur!»

À une certaine époque, beaucoup de couples se formaient au boulot, jusqu'à ce que la méfiance envers le harcèlement sexuel au travail agisse comme une douche froide. Depuis, les gars sont plus réticents à flirter au bureau. Et les «matantes matcheuses» ont elles aussi perdu de leur pouvoir. Cela dit, le réseau social reste un outil essentiel dans la quête de l'âme sœur. L'avantage? C'est gratuit... et ceux qui nous aiment se dévouent pour nous.

3. Les bons lieux tu fréquenteras
Une fois le message lancé, on ne va tout de même pas se contenter d'attendre que le téléphone sonne! L'essentiel, en fait, c'est de sortir de ses quatre murs en montrant sa disponibilité... tout en se répétant le fameux lieu commun «C'est quand on ne cherche pas qu'on trouve»! Oui, mais où?

L'astuce est de choisir une activité qui nous tente, à condition qu'elle attire aussi des adeptes masculins (peu de gars fréquentent les cours de baladi). Musculation, arts martiaux, opéra, tango, voyages? Les associations qui proposent de telles activités fourmillent de mâles qui partagent la même passion. Certaines s'adressent d'ailleurs spécifiquement aux célibataires (voir le Carnet d'adresses à la dernière page de cet article).

Pour les plus traditionnelles, il y a bien sûr la formule du souper-rencontre. «Tu devrais en parler à Françoise Brunelle, me suggère Francine. Elle organise Les Soupers de Françoise, où j'ai rencontré des gens intéressants, même si mon âme sœur ne s'y est pas pointée.» Mme Brunelle affirme avoir formé environ 10 000 couples depuis qu'elle a lancé, en 1985, cette activité qu'elle anime en personne. «Le nombre de femmes et d'hommes est équilibré, dit-elle. Nos soupers ont lieu deux ou trois fois par mois alternant entre Montréal et ses banlieues. Je conseille aux femmes qui viennent en groupe de trois ou quatre de ne pas trop se tenir ensemble: l'effet bloc, ça décourage les hommes!»

4. Le temps de trouver tu prendras
On passe bien des heures à choisir une voiture, ce serait tout de même absurde de consacrer moins de temps à la recherche d'un partenaire, non? Les pressées peuvent toujours s'orienter vers le speed dating (sept minutes top chrono pour séduire), mais il faut vraiment de la chance pour que ça marche! Cela dit, à 40 ans et plus, une femme seule est souvent chef de famille monoparentale, accaparée par son travail et ses enfants - d'où un très réel manque de temps. Si on est prête à investir quelques centaines de dollars, on peut opter pour une agence de rencontres, en se renseignant d'abord sur sa compétence et son éthique (un furetage sur Google permet de vérifier si l'entreprise a déjà fait l'objet de plaintes ou de poursuites).

5. Les cyberrencontres tu apprivoiseras
Selon une étude de Léger Marketing publiée en janvier 2008, un célibataire québécois sur cinq se dit adepte des rencontres en ligne. Et dans le lot, les gens au-dessus de 40 ans sont de plus en plus nombreux. Je veux bien essayer d'apprivoiser la bête, mais comment lancer l'hameçon dans ce vaste océan pour ramener ensuite une belle prise? Francine m'incite à demander conseil à son ami Michel, qui a trouvé Diane - sa conjointe depuis plus de trois ans - sur le site de Réseau Contact. Ils avaient alors tous les deux 56 ans.

Michel est un jovial verbomoteur qui enchaîne les conseils pour la «cybertwit» que je suis. «D'abord, le choix d'un pseudonyme: très important, dit-il. Ensuite, la fiche de présentation qui sera consultée en ligne. Elle doit dire l'essentiel. Attention aux fautes d'orthographe! Moi, je ne supporte pas ça. Et mieux vaut éviter de mentir sur soi-même car, s'il y a rencontre un jour, on est pris avec notre tricherie...»

Le déclic par Internet, ça peut donc marcher! J'apprends vite à éliminer les sites moins intéressants (quand un candidat inscrit sur sa fiche «patates et viande» comme mets préféré, j'imagine aussitôt un Bougon en camisole douteuse). Puis je tombe sur NetClub et j'ai l'impression d'entrer dans un magasin de bonbons! J'y repère un bel ingénieur aux yeux bleus, sourire à la George Clooney, 43 ans. Wow! Plus jeune que moi, mais Michel m'a conseillé de ne pas mentir. Alors je lui laisse un message, en lui disant mon âge réel . Pas de réponse... J'aurais dû mentir.

6. Des petites annonces tu te serviras
Là aussi, une touche d'humour ne nuit pas non plus. «Ma copine Mireille avait indiqué: "Cherche homme capable de poser un châssis double." Et elle a eu plus de réponses que moi!» raconte mon amie Hélène qui, elle, avait inscrit «Cherche gars bien équipé» en pensant à sa boîte à outils... sans avoir saisi le double sens de l'expression utilisée. Jocelyne, une autre de mes connaissances, a rencontré son conjoint Raymond par le biais des petites annonces alors qu'elle était au tournant de la quarantaine. «Par précaution, précise-t-elle, on correspond d'abord par l'intermédiaire d'une case postale. Puis, si tout va bien, on donne son numéro de téléphone et on décide d'organiser une rencontre ou non.» L'avantage? Pas trop cher et un peu moins bouffe-temps que le furetage sur Internet.

7. Au happy end sa chance tu donneras
Je décide d'aller jeter un coup d'oeil à la bibliothèque de mon quartier, lieu de prédilection pour une dingue de lecture comme moi. À la table des journaux, je repère un homme seul, l'air d'un prof décontracté. Je m'empare aussitôt du premier livre qui me tombe sous la main. Levant les yeux, je m'aperçois qu'il est en train de me regarder. Bon début. Et au-dessus de ses lunettes, il y a un regard brillant d'humour. De mieux en mieux! Le voilà qui sort de sa poche un sac de graines de tournesol. Beurk! Le genre grano, pas capable! Je décline son offre et m'enfuis. Il était peut-être un peu excessif de me crisper de la sorte sur un détail aussi secondaire. Car il faut savoir distinguer les défauts indélogeables (un tempérament jaloux, par exemple) d'un profil différent de nos attentes, mais auquel on peut néanmoins s'adapter.

C'est ce qu'a fait Sylvie, une Gatinoise de 47 ans. Il y a neuf ans, son mari est décédé et elle s'est retrouvée seule avec trois enfants en bas âge. «Je me suis dit: "Qui voudrait de moi avec mes trois petits?" Quelques mois après mon deuil, j'ai tout de même rempli une fiche sur WebSeduction... pour y chercher un partenaire de badminton. Pierre m'a répondu. Il était divorcé et père d'un enfant.» Leur première rencontre passe à deux doigts d'échouer. «On s'est vus dans un café, à l'heure du lunch. Il était si maladroit! Il s'emparait du pot de lait vide, il faisait tomber le sucre... Gênée, je me suis demandé ce que je faisais là. Mais on a persévéré. Quelque temps après, on est allés au cinéma avec nos enfants, et ça s'est passé comme si on s'était toujours tous connus.»

Féroce, la compétition?
La chasse à l'homme vous décourage à l'avance à cause de la forte concurrence féminine? Minute! La loi du nombre n'est pas forcément en défaveur des femmes de 40 ans et plus. Selon les chiffres publiés en 2006 par l'Institut de la Statistique du Québec, dans la tranche d'âge des 40-44 ans, on trouve 30,9 % d'hommes célibataires contre seulement 29,5 % de femmes. De 45 à 49 ans, la proportion de célibataires s'équilibre: 30,1 % d'hommes et 30,2 % de femmes. Par la suite, l'écart se creuse pour atteindre, chez les 55-59 ans, 25,8 % d'hommes pour 33,3 % de femmes célibataires. Mieux vaut donc ne pas trop attendre pour se recaser... mais la cause est quand même loin d'être désespérée!

Sorties pour célibataires
• Activités de plein air: actionpassion.com
• Cours de cuisine en bonne compagnie: cookdating.ca • Accompagnement d'un «gars de bicycle»: motorencontre.ca

Le pour et le contre:
On joint l'utile à l'agréable (et plus si affinités) en investissant dans un loisir qui nous plaît. La formule est géniale, mais on aimerait trouver un plus grand choix d'activités (connaissance des vins, jardinage, etc.).

Agences de rencontres
• Intermezzo Montréal: 514 278-9004 ou intermezzomontreal.com • Faucon Trouve inc.: 514 398-9339 ou faucontrouve.com • La boîte visuelle (pour professionnels): 514 528-8885 ou boitevisuelle.com
• FleuryMatch: 418 623-3711 ou fleurymatch.com

Le pour et le contre:
Approche personnalisée et confidentielle, rencontres de candidats sélectionnés d'après un profil. La Rolls-Royce en matière de jumelage, mais il faut être prête à y investir environ 400 $.

Cyberrencontres
Quelques sites intéressants pour les 40 ans et plus:

• reseaucontact.com • webseduction.com • quebecrencontres.com
• facebook.com

Le pour et le contre:
Dans le cyberespace, on a le monde au bout des doigts, mais c'est comme chercher une aiguille dans une botte de foin! Pas cher comme formule (inscription gratuite pour les femmes, mais le clavardage et les séances avec webcam sont payants), il faut toutefois être prête à y consacrer énormément de temps. Avec l'avènement de Facebook, ce trombinoscope géant, la recherche de l'âme sœur sur Internet monte en flèche. Une méthode idéale pour les timides... à condition d'aboutir un jour à une rencontre en chair et en os! Pour éviter les mauvaises expériences, on prend les précautions de base: au départ, ne transmettre ni son vrai nom ni ses vraies coordonnées, et organiser le premier rendez-vous dans un lieu public.

Soupers-rencontres
• Les soupers de Françoise: 514 365-4559 ou lessoupersdefrancoise.com
• Entre Mars et Vénus: 514 602-6296 ou entremarsetvenus.com

Le pour et le contre:
On s'offre une sortie en bonne compagnie. Le vin délie les langues, mais les timides sont moins à l'aise dans cette formule.

Speed dating
• Soirées tête-à-tête express: speedatingmontreal.com

Le pour et le contre:
Encadrement et rencontre de nombreux candidats en peu de temps. Toutefois, la rapidité ne favorise pas la qualité des contacts.

À court d'idées?
• Patch pour trouver l'homme de sa vie, Aude de Galard et Leslie Gogois, L'Harmattan, 2008.
• Le cycle de rinçage, Pierre Morency, Transcontinental, 2006.
• Célibataire aujourd'hui, Odile Lamourère, Les Éditions de l'Homme, 2004.

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La version longue de cet article a été publiée dans le numéro de décembre 2008-janvier 2009 du magazine Vita .

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