Michelle Blanc : accepter sa nouvelle identité
Après avoir suivi une formation d'officier d'infanterie
, joué au football et été bouncer, Michelle parle en toute connaissance de cause. Celles qui lisent
son blogue
-l'un des plus influents de la francophonie - savent aussi déjà qu'elle vit en couple avec Bibitte (le surnom affectueux qu'elle donne à sa dulcinée pour préserver son anonymat) depuis belle lurette. En revanche, ce qu'elles ignorent peut-être, c'est que Bibitte a vraiment été en bibitte lorsqu'elle a découvert, il y a une quinzaine d'années, que son beau Brummell se travestissait. «Passé l'état de choc, elle m'a demandé de ne plus le faire tant qu'on serait ensemble. Pendant 10 ans, j'ai tenu promesse. Ça a donc été un gros drame la fois où j'ai laissé traîner une robe. Mais comme on s'aime énormément, elle a décidé de rester ouverte devant ce qu'on vivait.
Se choisir, c'est accepter sa nouvelle identité
et la rendre socialement viable pour soi et pour les autres. «Aujourd'hui, des gens me disent: "Je respecte ton choix." Ils ne réalisent pas que ça n'a pas été un choix: ou bien je me payais
une dépression
sévère jusqu'à la fin de mes jours - Michel est d'ailleurs passé à deux doigts de se suicider - ou bien je devenais enfin une femme.»
Bref, au lieu de s'abonner à vie aux antidépresseurs , il a opté pour les hormones. Et en juillet 2008, 25 000 $ et huit heures d'intervention chirurgicale sont échangés contre des implants aux pommettes, un sablage du menton, un nouveau nez, des arcades sourcilières typiquement féminines et un front au contour adouci. Un an plus tard, une chirurgie génitale et une augmentation mammaire transforment définitivement Michel Leblanc en Michelle Blanc. «Pour ma conjointe, ça a été très dur, parce qu'elle a dû faire le deuil de l'homme qu'elle aimait afin de découvrir la femme que j'allais devenir, explique Michelle. On me demande souvent si elle est lesbienne. À mon avis, ce n'est pas pertinent, car il y a de nombreuses manières d'exprimer son amour et de vivre sa sexualité. En fait, elle a eu plus de problèmes avec ma médiatisation qu'avec ma transformation.»