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Vraiment haïssables, les belles-mères?

La société a évolué, les belles-mères aussi. Pourquoi alors ont-elles encore si souvent mauvaise réputation?

Modifié le :
2009-06-05 15:27
Publié le :
2009-06-04 12:02
Par:
Suzanne Décarie

Getty Images

Envahissante la belle-mère?

Si une Lyne-la-pas-fine se terre parfois au fond de moi, nul doute qu'elle cohabite avec une Endora, la vieille acariâtre qui empoisonnait la vie de son gendre Jean-Pierre dans la télésérie-culte Ma sorcière bien-aimée. Devenue moi-même belle-mère - volontiers critique - il y a quelques années, je serais prompte à sortir mes griffes si je voyais ma fille ou mon fils malmenés, brimés, tristes ou largués. «C’est plus facile, et moins menaçant, de critiquer son gendre ou sa bru que son enfant», remarque Anne Chevalier*, 56 ans, qui a vécu des relations plutôt hostiles avec ses deux premières belles-mères avant d’être choyée par celle qui leur a succédé.

Pour ma part, contrariée ou pas, je rembarre aussitôt Endora. Je préfère tourner sept fois ma langue dans ma bouche avant de parler, en me répétant que mes enfants, désormais adultes, peuvent bien mener leur barque à leur guise. Et puis j'aime mon gendre, tout comme j'aimais ma belle-fille du temps où elle vivait encore avec mon fils. Car même à titre de belle-mère, on s'attache. Et quand nos enfants se séparent de leur conjoint, on vit des deuils et des recommencements. Cela dit, il m'arrive de me poser la question: suis-je une belle-maman insupportable? J'espère que non.

«Mêlez-vous de vos affaires!»

Avouons que certaines belles-mamans sont envahissantes. «Se mettre le nez dans la vie de nos enfants adultes, c'est utiliser un pouvoir qu'on n'a plus, renchérit la psychologue Hélène Boisvert. Cela dit, quand chacun respecte son territoire, il n'y a pas d'abus de pouvoir.» Pour le couple, il importe donc d'établir des frontières... et de les faire respecter.

Elle-même mère de deux fils aujourd'hui adultes, Évelyne Côté*, 55 ans, a eu maille à partir avec son ex-belle-maman. «Elle se mêlait de l'éducation des enfants quand ils étaient petits. J'essayais de lui faire comprendre mon point de vue, mais elle ne m'écoutait pas. Autoritaire, ma belle-mère a passé sa vie à dire aux autres quoi faire. Et elle a continué à contrôler ses enfants adultes, même à distance. Devant elle, mon conjoint redevenait un petit garçon. Il me disait de ne pas m'en faire avec sa mère, mais il refusait d'analyser son comportement, ce qui lui aurait pourtant permis de comprendre sa façon d'agir à mon égard.»

Évelyne réalise aujourd'hui que ses problèmes avec son ex-belle-maman venaient d'abord d'un manque d'intimité et de communication dans son couple. Hélène Boisvert croit elle aussi qu'un couple solide ne laisserait pas une belle-mère s'ingérer dans sa vie. Si toutefois cela se produisait, les conjoints trouveraient alors une manière respectueuse de le lui dire, sans quoi la situation risquerait de s'envenimer.

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Bru ou rivale?

Bru ou rivale?

Après avoir connu des rapports plutôt moches avec les mères de ses deux ex-conjoints, Anne se sent maintenant complice de sa belle-maman actuelle. «Nous avons une relation de "femme à femme" plus que de "bru à belle-mère", dit-elle. Je la trouve drôle, intelligente, courageuse, généreuse. Bref, je l'admire.» Question de maturité affective, croit Anne qui, aujourd'hui quinquagénaire, a beaucoup évolué depuis ses premières relations de couple. Mariée à 20 ans, encore jeune et peu confiante, elle avait alors l'impression d'être jugée par sa première belle-mère.

Plus tard, dans la trentaine, Anne a découvert la rivalité avec celle qui allait être sa deuxième belle-maman durant quatre ans. «Nous étions en compétition pour l'amour du fils qu'elle adorait. Un jour, alors qu'il lui faisait la bise sur les deux joues, elle s'est exclamée: "Pas comme ça!" Et elle l'a embrassé sur la bouche. J'étais sidérée...

De son côté, toujours perçu comme un héros aux yeux de sa mère, il lui était difficile de couper le cordon, d'autant plus qu'elle alimentait ce lien. En fait, mon ex était pris dans cette dynamique qui le valorisait. Et comme je n'étais pas béate d'admiration devant lui, il trouvait que je ne l'aimais pas assez. Ça a d'ailleurs altéré notre relation. Quand nous nous sommes quittés, je lui ai dit de régler ses problèmes avec sa mère, sans quoi il n'aurait jamais de rapports sains avec une femme.

Selon Hélène Boisvert, ceux et celles qui sont le plus soumis à l'emprise de leur mère ne s'en aperçoivent souvent pas. «Il y a un problème lorsque la relation entre l'enfant et sa mère est trop intime, explique la psychologue. Certaines mères ne savent pas lâcher prise. Et certains enfants n'arrivent pas à se sevrer de leur famille; ils la préservent plutôt que de protéger leur couple.»

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Miser sur la diplomatie

Miser sur la diplomatie

Délicat, le rôle de belle-mère? Et comment! Pour devenir une «bonne belle-mère», on a donc intérêt à maîtriser les rudiments de la diplomatie. Aujourd'hui belle-mère à son tour, Évelyne s'efforce d'agir avec discernement. «Lorsque je garde mon petit-fils, par exemple, je consulte ma bru sur le menu, l'heure du dodo... Je prends des initiatives et j'essaie de partager mon expérience sans m'imposer, en choisissant mes mots. Je fais parfois des gaffes, mais quand ça arrive, je m'en excuse.»

À l'origine de certaines tensions lorsqu'elles s'immiscent dans la vie de leurs enfants, les belles-mères peuvent aussi susciter beaucoup de solidarité et d'entraide. Elles sont là quand on a besoin d'elles pour garder les petits, elles dépannent en cas de maladie, elles créent des occasions de rencontre et offrent même quelquefois une aide financière au jeune couple, remarque Michèle Charpentier, professeure à l'École de service social de l'Université du Québec à Montréal.

Respect et discrétion

Selon Claire Leduc, travailleuse sociale et thérapeute conjugale et familiale, les belles-mères qui ont de bonnes relations avec leur gendre ou leur bru sont des femmes qui ne jugent pas trop et sont capables de mettre l'accent sur le positif en laissant tomber le négatif... à moins que la situation ne soit grave. Bref, leur attitude se résume en deux mots d'ordre: respect et discrétion.

Dans Nous, les belles-mères (Fayard, 2001), l'auteure Christiane Collange invite pour sa part les belles-mères à être zen. C'est-à-dire à mener une vie qui soit la plus satisfaisante possible, à chercher le bonheur en elles plutôt que d'attendre qu'il vienne de leurs enfants et à n'intervenir dans leur existence que lorsqu'ils en expriment le désir.

Zen? Mieux vaut l'être de part et d'autre, puisque toute relation se joue à deux. Car on peut reprocher bien des choses à une belle-mère, voire lui imputer des tensions dans notre couple, mais on finit souvent par lui être reconnaissante. Après tout, elle est au cœur de la famille, qu'elle garde vivante en créant des occasions de rencontre et des gestes de solidarité. Par sa présence, le regard qu'elle pose sur son enfant et les anecdotes qu'elle raconte sur son passé, elle nous permet aussi parfois de mieux comprendre notre chéri... Qui l'eut cru?

* Noms fictifs à la demande des personnes interviewées

La version longue de cet article a été publié dans le numéro de mai du magazine Vita .

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Commentaires

  • Sonia M's avatar Sonia M a écrit :

    2009-06-08 3:37 PM

    Bonjour à vous toutes qui vivez une situation infernale avec leur belle-mère. Je trouve cela très difficile bien que mon mari lui ait dejà dit qu'il me supportait, elle essaie toujours de s'immiscer dans nos décisions. C'est vraiment insupportable. Non seulement la mère est comme ça, mais ma belle-soeur aussi! Les deux nous disent quoi faire minute par minute. Quelqu'un qui espère qu'un jour elles comprendront.
  • cathf's avatar cathf a écrit :

    2009-06-09 9:11 AM

    Je ne suis pas d'accord. Ma belle-mère est vraiment insuportable. Un jour, je lui ai écrit une lettre et elle ne l'a vraiment pas bien pris. Pourtant la lettre ne comportait rien de méchant. Elle est allée raconter ça à son ex-mari(le père de mon copain) et ça m'a vraiment tombé sur le dos. Elle m'a réécrit et m'a dit des choses vraiment blessante. C'est moi qui a ''manger la merde''. Je me suis même excusée et elle m'a même pas regardé, elle a rien dit. Mon copain a 23 ans(il vit présentement avec elle) et elle veut tout savoir, ce qu'il fait , ou il va, ce qu'il mange, elle écoute même nos conversation! Elle voudrait qu'on soit toujours là pour lui tenir compagnie, mais moi et mon copain on en a pas envie, car passer du temps avec elle ce n'est pas agréable. Elle fait que ce plaindre, elle n'est pas généreuse et fait jamais rien pour les autres.< Ça fait du bien de ce vider!
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