Mieux se connaître en se parlant
«Se connaître, n'est-ce pas le but de la conversation?» a écrit Félix Leclerc. C'est à interroger les gens et à s'imprégner de leurs réponses qu'on finit par les connaître, qu'on saisit pourquoi et comment ils agissent. Quoi de mieux qu'une «vraie conversation» avec son ado pour comprendre ce qu'il vit? En nous arrêtant exprès pour échanger nos points de vue, pour nous écouter mutuellement dans le respect, on arrive à trouver des compromis viables... bien plus qu'en boudant chacun dans son coin, non?
Car une vraie conversation nous concilie
. Pas parce qu'on pense la même chose, mais parce qu'on se rejoint comme êtres humains. Ça me rappelle un ami que j'ai failli abandonner tellement ses opinions politiques m'horripilaient. Jusqu'à ce qu'on aborde le sujet, calmement, en se donnant le temps de finir nos phrases. Il ne m'a pas convaincue. Je ne partagerai jamais son point de vue. Mais parce qu'il a pu m'expliquer son cheminement, je le vois maintenant sous un autre éclairage, qui fait ressortir nos ressemblances plutôt que nos différences.
Aborder les «vraies affaires», prendre le temps de s'instruire de ce que vit l'autre, de réfléchir ensemble pour avancer à travers la vie: quel bonheur! Et surtout, quelle belle échappée hors du traintrain quotidien et des futilités! Je m'exalte? Essayez donc. Quand vous avez envie de vous isoler dans vos peines, de ressasser vos rancunes de museler vos colères, de vous perdre dans vos inquiétudes, cherchez-leur des explications, puis relativisez-les en accueillant l'expérience des autres. Quelle consolation de sortir de sa solitude et de se rapprocher de notre humanité commune!