Trois petits tours et puis s'en vont
Marie-Chantale Marion, 40 ans, enseigne les danses latines depuis 15 ans à Montréal. Elle est moins enthousiaste. Oui, elle a vu beaucoup de couples se former sur des rythmes endiablés. Mais si l'approche corporelle permet à l'attirance physique de s'exprimer, elle ne garantit en rien la compatibilité des êtres. Pas plus qu'en discothèque. «Ce n'est pas encore la vraie vie», prévient-elle.
Et puis, il y a la jalousie, féroce, qui, dans une majorité de cas, mène le bal et met un terme au cours de danse. «Pour consolider leur relation, les nouveaux amoureux auront le réflexe de quitter le milieu pour éloigner les rivaux potentiels. Je revois parfois l'un d'eux dans mes cours, quelques mois ou quelques années plus tard, mais seul. J'observe ce petit jeu depuis toujours», raconte la professeure. Ma foi, c'est presque le Far West: l'amour ou la danse!
Marie-Chantale a d'ailleurs elle-même vécu le scénario à répétition. Chacun de ses amoureux la voulait pour lui seul. «Chaque fois qu'on m'invitait à danser, c'était la crise», raconte-t-elle. Comme la danse sociale était non seulement sa passion, mais son métier, elle a dû vivre une bonne dizaine de ruptures... et de grandes peines d'amour. Elle ne voit que deux couples (deux!) qui, faisant exception, fréquentent depuis des années l'école qu'elle dirige et dansent avec tout le monde.
Quand l'amour transcende la danse
«Je vois beaucoup de couples se former et se défaire», remarque également Bobby Thompson, codirecteur de Studio Tango Montréal. Le tango est une danse de couple sensuelle qui se prête par définition au jeu de la séduction. ‘‘Jouer à tomber en amour trois minutes'', dit-on dans le milieu. Mais c'est encore mieux quand on aime vraiment. Il y a toujours des couples qui tirent leur épingle du jeu. Diane et Christian, que j'ai rencontrés au studio même, ont découvert, émerveillés, cette énergie particulière, ce bien-être, cette douceur illuminée d'étincelles en se retrouvant dans les bras l'un de l'autre. Ce sont leurs mots. Ils en sont déjà à quatre ans de relation saine et solide et ont bien voulu quitter la piste pour me donner leur son de cloche.