La rue des Femmes
Léonie Couture, 58 ans
Directrice générale et fondatrice de
La rue des Femmes
Toutes celles qui ont lu la trilogie Millénium ont été marquées par le personnage de Lisbeth Salander, cette femme brillante, mais mésadaptée, surtout heurtée dans son enfance et prête à tout pour empêcher quiconque de la blesser à nouveau. À l'organisme La rue des Femmes , les Lisbeth sont nombreuses. Plus de 400 par année, parmi les milliers d'itinérantes qui errent de centre en centre au Québec. Des femmes brisées, souvent apeurées, parfois agressives, dont le lien à l'autre et à elle-même a été fracturé, la plupart du temps dans l'enfance.
«Comme toute fracture, explique Léonie Couture, c'est extrêmement douloureux, chaque fois qu'on y touche! Faites marcher quelqu'un sur une jambe cassée, juste pour voir... La douleur est insupportable. L'agressivité vient du fait que chaque fois que la personne essaie d'être en lien, la souffrance revient. C'est cette fracture qu'il faut soigner, afin que la femme puisse marcher à nouveau dans la vie. Parce que l'inclusion dans une société, c'est vital.»
Ces blessures, les femmes les ont subies dans l'enfance. C'est presque toujours une agression. La petite fille s'est presque toujours déconnectée d'elle-même et des autres pour mieux se protéger. Avec le temps, Léonie et son équipe ont donné un nom à cette blessure. Elles l'ont appelée la blessure relationnelle. «Déjà, enfant, la petite qui a subi de l'abus physique ou psychologique devient en quelque sorte une itinérante par sa façon de se couper de son entourage. Si l'on pouvait agir en prévention, aider le milieu scolaire et familial à aider l'enfant, on sauverait bien des malheurs. C'est ce que fait le docteur Gilles Julien, en pédiatrie sociale, avec l'organisme Assistance d'enfants en difficulté (A.E.D.) . Mais l'on revient toujours au même problème: celui du financement.»