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De l'itinérance à l’autonomie

Il y a 15 ans, Léonie Couture a voulu cette maison où l'on aiderait les femmes itinérantes. Elle n'a pas que rêvé…

Modifié le :
2009-04-21 10:10
Publié le :
2009-04-15 09:28
Par:
Josée Larivée

La rue des Femmes

La rue des Femmes

Léonie Couture, 58 ans
Directrice générale et fondatrice de La rue des Femmes

Toutes celles qui ont lu la trilogie Millénium ont été marquées par le personnage de Lisbeth Salander, cette femme brillante, mais mésadaptée, surtout heurtée dans son enfance et prête à tout pour empêcher quiconque de la blesser à nouveau. À l'organisme La rue des Femmes , les Lisbeth sont nombreuses. Plus de 400 par année, parmi les milliers d'itinérantes qui errent de centre en centre au Québec. Des femmes brisées, souvent apeurées, parfois agressives, dont le lien à l'autre et à elle-même a été fracturé, la plupart du temps dans l'enfance.

«Comme toute fracture, explique Léonie Couture, c'est extrêmement douloureux, chaque fois qu'on y touche! Faites marcher quelqu'un sur une jambe cassée, juste pour voir... La douleur est insupportable. L'agressivité vient du fait que chaque fois que la personne essaie d'être en lien, la souffrance revient. C'est cette fracture qu'il faut soigner, afin que la femme puisse marcher à nouveau dans la vie. Parce que l'inclusion dans une société, c'est vital.»

Ces blessures, les femmes les ont subies dans l'enfance. C'est presque toujours une agression. La petite fille s'est presque toujours déconnectée d'elle-même et des autres pour mieux se protéger. Avec le temps, Léonie et son équipe ont donné un nom à cette blessure. Elles l'ont appelée la blessure relationnelle. «Déjà, enfant, la petite qui a subi de l'abus physique ou psychologique devient en quelque sorte une itinérante par sa façon de se couper de son entourage. Si l'on pouvait agir en prévention, aider le milieu scolaire et familial à aider l'enfant, on sauverait bien des malheurs. C'est ce que fait le docteur Gilles Julien, en pédiatrie sociale, avec l'organisme Assistance d'enfants en difficulté (A.E.D.) . Mais l'on revient toujours au même problème: celui du financement.»

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La rue des Femmes

Mettre fin à l'itinérance

De fait, la prévention n'est pas très à la mode! Il est difficile d'obtenir de l'argent pour soigner un fléau plutôt invisible, et l'itinérance féminine en est un. Les femmes errent pendant des années, de centre en centre, auprès de ressources temporaires. «Il faut plutôt un continuum de services, insiste Léonie, car après un mois dans un dortoir, le problème d'une vie est loin d'être réglé! Ça prend du soutien à long terme. Oui, l'itinérance, ça signifie ‘‘plus de jobs et plus de maisons'', mais il faut changer le paradigme. L'itinérance est une conséquence. Il est temps de reconnaître la source: la blessure! Les fractures des os, on les soigne à l'hôpital! Comme société, il ne nous viendrait pas à l'idée de laisser les gens à eux-mêmes en attendant que les os se recollent! Une blessure relationnelle, c'est extrêmement grave. Il serait temps qu'on apprenne à soigner les fractures du cœur! Ça peut détruire la vie d'une personne, et de tout son entourage.»

Plus qu'un refuge: une maison
Ces femmes déconnectées d'elles-mêmes, des autres et de leurs responsabilités, Léonie en a vu des milliers au cours de sa carrière. Elles venaient de toutes les classes sociales parce que, comme on le sait, l'abus s'immisce partout. Féministe de première ligne, Léonie a travaillé au Mouvement contre le viol, au Centre de santé des femmes, puis à divers endroits en alphabétisation. Pour tracer cette voie à l'inclusion, elle a mis sur pied une maison où plus d'une vingtaine d'intervenantes se relaient 24 heures par jour, 7 jours par semaine. Avec, au départ, 13 appartements supervisés, La rue des Femmes a ouvert un nouveau centre multiservice, en 2002, baptisé La Maison Olga. On y trouve une salle à manger au décor joyeux, avec de grandes fenêtres et le sentiment d'y être à la maison. Vingt chambres privées y accueillent les femmes dans le besoin. Quand tout est plein, on trouve des lits d'urgence. «Avant tout, on essaie de recréer un esprit de famille», insiste la fondatrice.

Les femmes qui y trouvent refuge ont d'abord accès à des services de première nécessité, comme un lieu convivial où passer leurs journées, une chambre bien à elles pour la nuit, des repas chauds, un dépannage vestimentaire, un suivi en santé physique et mentale. «Elles ont reçu de l'écoute, on les a crues, et on a reconnu leur blessure, explique la guérisseuse des âmes. C'est beaucoup! Certaines repartent outillées au bout de quelques mois, voire un an ou deux. Pour d'autres, c'est plus long. Il y a certaines femmes que la douleur aura handicapées pour toujours. Celles-là auront besoin de médicaments pour atténuer leur souffrance. Mais la plupart repartent avec un bon niveau de guérison. Pour nous, l'important, c'est de leur redonner une certaine dignité. Cela commence par la capacité de subvenir à leurs besoins primaires. Elles y arrivent dès qu'elles retrouvent leur estime de soi. C'est ce qui leur donne du pouvoir.»


Pour faire un don: www.laruedesfemmes.com

À lire dans le magazine Vita
Dans sa dernière édition de mai, le magazine Vita publie l'histoire exceptionnelle d'Isabeau, une ex-itinérante qui est passée par La rue des Femmes. Un lieu qui lui a permis de retrouver espoir et estime personnelle.

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Commentaires

  • Bambi's avatar Bambi a écrit :

    2009-05-05 4:36 PM

    L'Article "La femme qui n'existait pas" paru en dans Vita de mai, m'a vraiment ébranlée; voyant le parcours de la vie d'Isabeau pour atteindre le repos et l'Amour. Ayant moi même été abusée sexuellement et battue par mon beau père pendant plusieurs années, je comprends toutes les difficultés à traverser pour s'en sortir et dénicher un vrai support n'est pas nécessairement évident! Que les réseaux d'aide soient de plus en plus publicisés est le seul moyen d'atteindre plus de gens donc plus de victime. Pour ma part à 39 ans j'ai trouvé l'Amour de ma vie, mon Ange, et nous nous sommes mariés l'an dernier, le 21 juin.....Rien n'est impossible !! Chantale, Québec
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