Récession - Des changements dans la vie de Sylvie
J'ai véritablement mesuré l'ampleur du désastre économique dans lequel nous étions plongés le jour où je me suis retrouvée dans la salle de bain de ma copine Sylvie.
Devant moi s'étalaient d'innombrables petits flacons de shampoing et tout autant de minuscules savons dont l'emballage affichait les logos de chaînes d'hôtels de catégorie familiale. Sur la même tablette, j'ai aussi aperçu un pot de crème pour le visage. Choc et stupeur: mon amie, réputée pour ses virées notoires au rayon des cosmétiques haut de gamme, avait choisi un produit de marque populaire... et pas cher! Je n'ai pu m'empêcher de lui faire part de mon étonnement.
- Dis-moi, c'est quoi ça?
- - Ça, ce sont les centaines d'échantillons que j'ai rapportés des endroits où nous avons logé en vacances. Je les accumule depuis des années et, là, j'ai décidé que ma famille et moi allions enfin nous en servir, histoire d'épuiser ce lot une fois pour toutes. D'ailleurs, je n'ai plus les moyens d'aller à l'hôtel... ni de m'acheter des crèmes coûteuses.
Ses enfants ont beau être exaspérés par le format lilliputien des savons et des flacons, Sylvie persiste dans sa récente résolution... au point d'avoir rapporté chez elle un rouleau de papier hygiénique d'une chambre d'hôtel où elle a récemment séjourné pour le travail. «C'est ce qu'on appelle de la consommation créative», me lance-t-elle en guise d'explication.
Il faut dire que, l'hiver dernier, Sylvie a subi - à l'instar de ses collègues - une réduction du nombre d'heures de travail par semaine, et ce, pour une période indéterminée. Tout aussi indéterminée, en fait, que les perspectives d'avenir de son propre emploi au sein de l'entreprise.