Et la ménopause dans tout ça?
Et la ménopause dans tout ça?
La ménopause s'installe chez la plupart des Québécoises vers l'âge de 51 ans. Et si on se fie à la croyance populaire, elle entraine très souvent une chute de la libido. «Certains médecins prétendent que les femmes éprouvent moins de désir à la ménopause, mais c'est de la foutaise, s'exclame Jocelyne Robert. Nous ne sommes pas assujetties à nos hormones. La ménopause, c'est un passage plus ou moins long vers un nouvel équilibre, un tournant où on se rend compte qu'on arrive de l'autre côté de la pente, où on prend conscience de notre vieillissement. Parfois, elle s'accompagne d'une crise d'identité sexuelle, et ça ne se passe pas toujours bien. Comme quand on n'arrive pas à trouver la bonne fréquence d'un poste de radio. La sexualité, ça bouge, ça change, ça évolue et, parfois, ça bafouille!»
Le fait d'être célibataire depuis des lustres ou d'être engluée dans une routine conjugale réglée au quart de tour peut aussi freiner nos ardeurs sans que la ménopause y soit pour grand-chose. «Pendant presque deux ans, j'ai repoussé les avances de mon mari en mettant ça sur le compte de ma phase "hormones en folie"», raconte Marie-Christine, 55 ans, conseillère en placement. «En fait, c'était un prétexte pour échapper à des ébats devenus monotones et qui me laissaient sur ma faim. Je m'en suis rendu compte en regardant la télé. Quand il y avait des scènes torrides avec un bel acteur, j'étais tout émoustillée. J'ai alors compris que le problème n'était pas ma libido, mais ma relation amoureuse...»
«Il ne faut surtout pas penser que vieillir conduit fatalement à l'abstinence», précise le D r Robert Sabbah, chef du département d'obstétrique-gynécologie de l'Hôpital du Sacré-Cœur de Montréal et vice-président de l'Association des obstétriciens et gynécologues du Québec. «La sexualité des femmes plus âgées peut être tout à fait satisfaisante et épanouie. Ce n'est pas la fréquence des rapports qui importe, mais la qualité. Cela dit, de nombreuses femmes ménopausées consultent parce qu'elles ressentent des douleurs ou de l'inconfort lorsqu'elles font l'amour. Ces problèmes causés par les bouleversements hormonaux se règlent en général facilement, surtout quand il s'agit de sécheresse vaginale. On a tort de croire que ce sont les bouffées de chaleur qui influent sur la libido. Le problème, c'est plutôt les insomnies qu'elles déclenchent, car une bonne libido exige un esprit reposé. Mais je le répète, les femmes peuvent avoir des relations sexuelles normales toute leur vie.»