• Envoyer
  • Imprimer
  • Favoris
  • Document user evaluation
    (1 personne)

Sexe: quand c'est lui qui dit non...

Alors que madame, d'humeur coquine, esquisse un tendre rapprochement, voilà que monsieur s'éloigne à l'autre bout du lit! Le monde à l'envers, cette libido endormie chez le mâle contemporain? État des lieux et solutions pour redresser la situation.

Modifié le :
2011-07-04 16:21
Publié le :
2011-07-04 14:55
Par:
Annick Duchatel

Istockphoto

Plaisirs féminins et troubles masculins

(...)

Les femmes de 40 ans et plus acceptent [...] beaucoup moins facilement que la dimension sexuelle soit évacuée de leur couple. À ce propos, il faut avouer que notre «espérance de vie sexuelle» a fortement augmenté.

«À 40 ans, on peut encore s'accorder une bonne quarantaine d'années de sexualité active, affirme Sylviane Larose, sexologue clinicienne et psychothérapeute. Quand elles atteignent la quarantaine, les femmes sont souvent à l'apogée de leur vie sexuelle . Jamais elles ne se sont senties aussi bien dans leur corps et libres dans leur tête. À cet âge-là, leurs enfants sont plus vieux et elles ont souvent moins de soucis financiers. Pour elles, montrer qu'elles éprouvent du plaisir dans l'acte sexuel, c'est quelque chose de tout à fait admis.»

Autre signe des temps: jadis surtout associée aux femmes, la perte de désir semble maintenant gagner les hommes . «J'ai d'ailleurs constaté que ce problème-là n'est plus exceptionnel chez les gens que je reçois en consultation », note la sexologue clinicienne Geneviève Parent. Ces entretiens étant privés, les statistiques concernant le phénomène en question sont difficiles à obtenir. Des études américaines(1) ont cependant bien montré que 40 % des hommes de 40 ans et plus auraient des problèmes de dysfonction érectile (la proportion grimpant à 70 % chez les septuagénaires). Les recherches sur le Viagra et autres médicaments du même type ont beaucoup contribué à briser le silence entourant cette réalité. Mais la perte de désir est un trouble différent: les hommes concernés peuvent avoir une érection... dont ils ne profitent pas, faute d'intérêt pour la chose. Dans cette optique, selon un sondage réalisé en 2009 par Léger Marketing sur la vie intime des couples au pays, il semble impossible à plus de 65 % d'entre eux d'intégrer des moments de rapprochement charnel à leur routine quotidienne. Préoccupant, non?

(1) Statistiques provenant de l'étude du Massachusetts Male Aging Study (1987-2004), citées dans l'American Journal of Cardiology.

Publicité

Istockphoto

La communication, lubrifiant des rapports amoureux

La «migraine» de monsieur...

Mathilde* a connu une longue période faste dans l'alcôve avec son conjoint, Dany*. Pour eux deux, il s'agissait d'une seconde union et, pendant une dizaine d'années, ils ont mené une vie sexuelle que bien des jeunots auraient pu leur envier. Puis, lorsqu'ils ont franchi le cap de la soixantaine, leurs draps ont tiédi. «Quand j'ai réalisé que nous étions passés de deux fois par semaine à rien du tout en six mois, je me suis posé de sérieuses questions, raconte Mathilde. Le problème venait-il de moi? Dany rencontrait-il quelqu'un d'autre

Une réaction comme celle de Mathilde n'étonne guère Geneviève Parent. Selon la sexologue, le fait de s'imputer la responsabilité d'un tel problème est un réflexe féminin classique. «Si la femme ressent beaucoup d'insécurité, elle aura tendance à se déprécier, à se dire qu'elle n'est plus jeune et qu'elle a pris du poids, alors que, pourtant, son conjoint a vieilli lui aussi!» Mieux vaut, à son avis, s'interroger sur la dynamique du couple: «Le manque de désir, ce n'est que la pointe de l'iceberg. Il faut aller voir ce qu'il y a en dessous. Les partenaires sont-ils devenus moins complices qu'avant?» Le meilleur moyen de le savoir, c'est encore d'en discuter, la communication s'avérant le plus efficace lubrifiant des rapports amoureux.

Mathilde a mis quelques mois avant de faire admettre à Dany qu'il y avait un problème entre eux. «Il me fuyait ou prétextait qu'il en avait plein le casque des rénovations que nous avions entreprises à la maison. Et le soir, il suffisait que je me colle contre lui pour qu'il s'éloigne à l'autre bout du lit en disant qu'il avait trop chaud! C'était toujours moi qui prenais les devants, mais sans jamais l'attaquer de front: je ne voulais surtout pas l'effaroucher ni froisser sa fierté masculine. Rien à faire: même les petits gestes de tendresse, c'était encore trop pour lui. Je me sentais carrément rejetée.»

De son côté, France*, 45 ans, se faisait invariablement répondre par son conjoint, Louis*, qu'il subissait trop de stress au bureau le jour pour avoir envie de faire l'amour en soirée. «Tu sais bien que je travaille sur un gros projet en ce moment! J'ai plein de soucis en tête, mais ça va passer.» Sauf que ses gros projets professionnels n'arrêtaient pas de se succéder. «Même quand on se retrouvait à table, Louis était plus souvent branché sur son BlackBerry qu'avec moi. L'égo en prend un méchant coup!»

En effet, peu importe l'âge qu'on a, «le sentiment d'être désirée est fondamental pour se sentir femme», souligne Sylviane Larose. Confrontées au manque de désir de leur partenaire, certaines vont se tourner vers l e regard d'autres hommes . Mais celles qui veulent sauvegarder leur couple ont tout intérêt à chercher, avec leur conjoint, ce que cache la pointe de l'iceberg.

*Prénoms fictifs à la demande des personnes interviewées

Publicité

Istockphoto

Définir les "pannes"

Panne temporaire ou chronique?

Un matin, au déjeuner, Mathilde a fini par dire à Dany qu'elle avait de plus en plus de mal à supporter la situation. À ce propos, Sylviane Larose suggère l'approche positive: «On évite les remarques culpabilisantes, les accusations et les commentaires aigres (du genre: "Penses-tu qu'on va recommencer à faire l'amour avant d'aboutir dans une résidence de retraités?") pour simplement signifier à l'autre qu'on a un problème avec ça.»

Selon Mme Larose, c'est lorsque la panne de désir dure depuis six mois qu'il faut envisager de consulter un sexologue . «Si l'absence de relations sexuelles date de moins longtemps, il peut s'agir d'un problème ponctuel qui se règlera de lui-même. Mais il ne faut surtout pas laisser passer 5 ou 10 ans sans réagir! Je rencontre parfois ce type de cas en consultation et ça devient alors beaucoup plus difficile d'obtenir un résultat.»

Mathilde et Dany, eux, ont d'abord cherché à savoir si une cause physiologique était à l'origine du problème. «C'est un fait que le désir est lié à la testostérone et que, chez l'homme, le taux de cette hormone décroît avec l'âge», souligne Geneviève Parent. Cela dit, une foule d'autres facteurs - diabète, hypertension, cholestérol, prise d'alcool ou de certains médicaments - peuvent également influer sur la libido. «Pour en avoir le coeur net et avec beaucoup de bonne volonté, Dany est allé passer tous les examens requis, confie Mathilde. Et côté physique, tout allait bien. Il a donc fallu qu'on cherche la cause ailleurs...»

Parmi les motifs psychologiques associés à la panne de désir , Sylviane Larose signale que le stress et la dépression arrivent au premier rang. France et Louis en savent quelque chose. «À l'époque, Louis était écrasé par sa charge de travail, raconte sa conjointe. Alors que j'étais au sommet de ma carrière, débordante d'énergie et heureuse là-dedans comme un poisson dans l'eau, Louis - de cinq ans mon aîné - se sentait en compétition avec ses collègues plus jeunes. Il était sur le point de craquer... mais il a fallu qu'on se retrouve devant un conseiller conjugal pour qu'il l'avoue!» À force de discussions, Dany a lui aussi réussi à cerner la source de son problème: la peur du vieillissement. «Il supportait mal de se voir bedonnant et ridé, se souvient Mathilde. À tel point qu'il envisageait avec dégoût l'acte sexuel entre deux corps mûrs... sans compter qu'il regrettait la vigueur de ses 20 ans!»

Publicité

Istockphoto

Nouveau départ

Redémarrer la machine

Pour qui a déjà piloté une rugissante formule 1, ce n'est pas facile de se retrouver au volant d'une berline pépère qui manque de puissance! « L'homme vieillissant peut mettre une heure, sinon plus, avant d'avoir une seconde érection, note Geneviève Parent. Voilà peut-être justement l'occasion d'explorer plus longuement les caresses, les préliminaires, bref, de sortir de la routine!» Car l'usure du couple est souvent évoquée pour expliquer la perte de désir entre conjoints. «Je trouve ça triste, renchérit la sexologue. Ceux qui disent qu'ils n'ont plus rien à découvrir chez l'autre se trompent. Nous changeons tous avec le temps, parfois à l'insu de nos proches.»

Dans notre univers ultra branché, l'omniprésence de la porno semble aussi exercer, paradoxalement, une influence à la baisse sur le désir sexuel. Il suffit de jeter un coup d'oeil aux forums de discussion pour constater que plusieurs femmes voient un lien entre la froideur de leur conjoint et sa fréquentation en cachette de sites pornos. Cela donne d'ailleurs à quelques unes l'idée de copier certains clichés érotiques quand elles rejoignent leur partenaire au lit, explique Sylviane Larose: «En consultation, une femme m'a raconté s'être déjà acheté un déshabillé sexy pour sortir son mari de son apathie sexuelle. Quand il l'a aperçue, levant à peine les yeux de la télé, monsieur s'est contenté de lui dire: "Qu'est-ce que tu portes là? Tu dépenses de l'argent pour rien!"»

Si tous les mâles réagissaient de cette façon, les boutiques érotiques seraient vite acculées à la faillite, ce qui est loin d'être le cas! Car revêtir l'affriolante tenue de « Mlle Oui Oui Encore » peut bien entendu produire son petit effet... mais aussi tomber complètement à plat si ce genre d'accoutrement ne correspond à rien d'excitant pour le couple en question. La sexologue Geneviève Parent suggère plutôt de «revenir à la base, à ce qui a créé la complicité initiale entre les partenaires. À partir de là, on peut explorer en racontant ses fantasmes à l'autre ou en mettant les cinq sens de chacun à contribution. Le but, c'est de retrouver le plaisir d'avoir du plaisir!»

La version originale et intégrale de cet article a été publiée dans le numéro été 2011 du magazine Vita

À LIRE AUSSI:

Le tantrisme: au-delà du sexe

Sexe: ce que veulent les hommes

Retour à la section Sexualité

Publicité

Commentaires

Il n'y a pas de commentaires pour le moment.

Laisser un commentaire

Les champs marqués avec * sont obligatoires.

Vous devez être connectée pour laisser un commentaire.

Envoyer à un ami

Les champs marqués d'un astérisque * sont obligatoires.

monVita

Inscrivez-vous pour commenter les articles, publier vos histoires ou encore, participer aux forums.


Bienvenue ! Se connecter , s'inscrire ou voir l'aperçu .

Publicité

Abonnement

Infolettre

Soyez au fait des nouveautés. Abonnez-vous dès maintenant.

Infolettre

Partenaires

Concours

"));