Renée Claude Brazeau: Le goût du bonheur
Mais d'où lui vient cette envie folle de provoquer et de ne jamais rien faire comme les autres? «Je n'ai jamais voulu ça, moi! Tu sais, j'ai eu une éducation assez rigide: ma mère était stricte sur la discipline.
Et je crois que je suis devenue son contraire en réaction à cette éducation. Que veux-tu, c'est toujours la faute de la mère! D'ailleurs, c'est ce que je dis à mes enfants par autodérision: "Quoi qu'il arrive, toutte est de ma faute!" Je rigole, mais vient un moment où il faut cesser de tout mettre sur le dos de sa mère et s'assumer simplement.
Heureusement, j'ai évolué depuis mes débuts. J'étais trop exaltée, je le sais. J'étais énervée et énervante, autant à la télé que pour mon entourage. J'ai réglé ça... après quelques années sur le divan! (fou rire) Mais bon... Je suis plus posée et j'aime ça.» Apaisée? «Je ne sais pas, j'ai longtemps carburé aux rapports de force, mais c'est chose du passé. Aujourd'hui, je ne veux que de la gentillesse autour de moi, sinon rien.»
Le goût du bonheur
À 44 ans (elle avoue avoir toujours menti sur son âge, tyrannie de la télé oblige), Renée-Claude nage en plein bonheur. Elle a rencontré l'homme de sa vie et a récemment donné naissance à son quatrième enfant, la petite Sofia, âgée de quelques mois seulement.
«Je suis assez fière de mon parcours, en fait. Avant, j'avais une certaine gêne à dire que j'avais trois enfants de pères différents; ma vie avait l'air désordonnée, et je me justifiais beaucoup. Alors, imaginez en avoir un quatrième à la mi-quarantaine avec un autre homme qui, de surcroît, vit à Paris! Non, il ne viendra pas s'installer ici; et non, je n'irai pas habiter en France. Du moins pas pour le moment...», dit-elle entre deux gorgées de San Pellegrino.
Entre nous, bien des femmes auraient eu peur de se lancer dans une telle... galère. Pas elle. «Tu sais, mes ex avaient beau m'engueuler en me traitant d'irresponsable, moi, je savais que j'avais raison. Tout ce que je voulais, c'était que mes enfants, mon chum et mes parents soient heureux. Et tu sais quoi? Le destin [un mot qui reviendra souvent au cours de notre entretien] m'a donné raison. Ma petite Sofia est là, et on est tous très heureux. Ça me donne envie d'en avoir un cinquième. Mais bon, passé 45 ans, je ne sais pas si ce serait vraiment raisonnable», s'interroge-t-elle, en s'excusant presque de son actuel état de grâce où tout lui semble facile.
Pas étonnant lorsqu'on sait qu'à 26 ans elle a élevé seule son premier enfant, touchant de l'aide sociale pendant deux ans avant de trouver du boulot et son équilibre. Aujourd'hui, elle se considère comme une meilleure mère: «J'ai appris avec l'expérience. Il y a des trucs que je ne fais plus, comme céder à toutes les envies de mes enfants. Je suis plus présente, je les stimule davantage, sans les étourdir. Il faut les laisser un peu s'ennuyer et beaucoup respirer.»