Renée Claude Brazeau: une fille de clan!
Le vrai bonheur professionnel, elle estime l'avoir trouvé il y a deux ans, à 42 ans, alors qu'elle a quitté l'animation, troquant le micro contre le clavier.
«J'ai porté La galère pendant neuf ans. Et je peux dire aujourd'hui que l'écriture m'a transformée. Elle m'a permis de sublimer le complexe d'infériorité que j'ai eu toute ma vie envers ma soeur plus jeune - que j'ai toujours tenté d'imiter sur le plan professionnel - et envers les autres. La télé, c'est fini. Tout ce que je veux faire maintenant, c'est écrire et voyager.»
Elle est d'ailleurs à imaginer une nouvelle série sur un sujet tabou. «J'ai envie de parler des bitches , ces femmes frustrées de 40 à 55 ans qui abusent et usent mal de leur pouvoir. Évidemment, les femmes préménopausées ne sont pas toutes comme ça, insiste-t-elle deux fois plutôt qu'une, mais les bitches , ça existe.» Voilà qui promet.
Ensemble, c'est tout
Redoutable fille de clan et de famille, Renée-Claude ne vit que pour rassembler ceux et celles qu'elle aime. «Je rêve d'emmener toute ma tribu en voyage: mes parents, mon chum, mes enfants, ma soeur, mes ex et leurs enfants, mes amies... Je les aime tellement!» Un besoin viscéral d'être entourée - même si elle clame être très bien seule - qui lui fait craindre plus que tout la perte d'un de ses proches. Et qui l'amène à une émouvante révélation: «Pour moi, la mort est un traumatisme immense. Immense... J'ai perdu mon petit frère.» Silence. «Il est mort à quatre ans, noyé. C'était moi qui le surveillais. J'avais 11 ans... Je me dis que la douleur sera un jour moins vive, mais non...»
Elle pleure et j'arrête le magnéto, bouleversée. Un ange passe, puis deux. Cet aveu éclaire soudainement son inépuisable désir d'enfants, son besoin de combler le vide et la mise au monde de ses héroïnes de La galère . «Oui, il y a sûrement de ça», souffle-t-elle en agitant la main devant ses yeux pour chasser ses larmes. «Je fumerais bien une cigarette, pas toi?»
On finit l'entrevue dans la rue, devant sa voiture. Pas de contravention. Soulagée, elle allume une extralégère et s'enflamme : «Je t'assure qu'à 44 ans le meilleur est devant moi. Je le dis aussi à mes amies, qui ont à peu près mon âge: "Les filles, le-meilleur-est-devant-nous!" Les plus belles amours, les plus belles jobs, les plus beaux enfants, les plus beaux voyages... Il faut cesser d'attendre et vivre sa vie! Il faut trouver une façon d'avancer. Non mais, attends! Si le meilleur n'est pas devant nous, pourquoi on est là?» Je parie que Mimi, Claude, Isa et Stéphanie se le demandent aussi.
Photo: Manon Boyer, photographe
La version originale de cet article a été publiée dans le numéro de Septembre du magazine Vita .
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