Un congé sabbatique pour se remettre en question

«Au mitan de la vie, souvent, les questions se bousculent», constate encore Ghislaine Labelle. On aimerait s'octroyer un répit, un temps de réflexion , un moment de recul pour mieux aller de l'avant par la suite. «Dans la quarantaine, plusieurs s'absentent pour repenser leur carrière, alors que dans la cinquantaine ils le font plutôt pour préparer leur retraite», remarque la psychologue. «Personnellement, j'avais besoin de repos et de ressourcement pour pouvoir continuer à travailler sans me brûler, relate Michèle Cardin. La mi-cinquantaine me semblait un âge idéal pour m'accorder du temps, évaluer ma situation financière et réfléchir à mes perspectives d'avenir.»

Elle voulait profiter à son rythme de l'été et de la maison qu'elle venait de faire construire, jardiner, classer photos et documents, rendre visite à ses amies... Ce qu'elle a fait après un voyage en Inde avec son conjoint, avant de sillonner la côte ouest américaine en camping avec lui. «À 25 ans, nous avions voyagé pendant six mois en guise de prélude à notre vie de couple. Trente ans et deux enfants plus tard, ce semestre de congé représentait pour moi une sorte de prélude à la retraite.»

Pour sa part, Christiane Duquette, 58 ans, s'est arrêtée pour réaliser un projet qu'elle chérissait depuis longtemps sans oser le concrétiser. Conseillère dans un organisme d'employabilité de Victoriaville, elle a trouvé l'audace de passer à l'action peu après un évènement fâcheux survenu au boulot. Le climat de travail, devenu morose, la déprimait tellement qu'elle a senti le besoin de faire bouger les choses. Or, Christiane rêvait depuis toujours de vivre à Paris: «C'était le moment ou jamais. J'ai pris ma décision au mois d'août et le 2 janvier, je m'installais là-bas dans un appartement loué par Internet.

Très compréhensive, ma patronne m'incitait même à partir plus longtemps que les quatre mois que m'allouait mon budget. En fait, ce congé a comblé deux de mes rêves: séjourner à Paris et écrire . Avant de partir, j'avais déjà rédigé la moitié d'un roman dont l'intrigue se déroulait en France, au 16e siècle. Et là, je me retrouvais dans la capitale française, où je pouvais enfin préciser toutes les recherches que j'avais entreprises pour mon bouquin! J'étais d'autant plus emballée que mon fils, établi en Europe depuis 10 ans, est venu me rejoindre. À Paris, il avait sa vie et j'avais la mienne, mais je n'étais pas seule. J'avais l'impression d'avoir 35 ans à peine!»

De son côté, Bettina Heck, 48 ans, technicienne de voyage au Cirque du Soleil, a quitté son poste pour suivre son conjoint, qui amorçait une année sabbatique partagée entre l'Allemagne et l'Espagne. «Dès que son projet a été accepté par les universités qui devaient l'accueillir, j'ai tout mis en branle pour l'accompagner. Étant moi-même d'origine allemande, j'avais très envie de retourner en Europe. J'en ai donc parlé à mon patron, qui m'a non seulement incitée à profiter de l'occasion, mais qui a lui-même trouvé quelqu'un pour me remplacer. Pendant un an, j'ai pleinement profité de ma liberté. J'ai réalisé qu'il y avait une vie en dehors du travail. D'ailleurs, je ne me suis pas ennuyée du tout! En plus d'apprendre l'espagnol et le flamenco, j'ai passé du temps avec ma famille et mes amis dans mon pays natal.»

La version originale de cet article a été publié dans le numéro d'octobre 2010 du magazine Vita .

À LIRE AUSSI :
Congé sabbatique : du rêve à la réalité

Financer son congé sabbatique

Revenir à la section Boulot et argent