Travail et famille: À quand une intervention de l'État
«En ce qui me concerne, je trouve qu'il faudrait 48 heures dans une journée pour y arriver, affirme Marie Godin*, une courtière d'assurance de 46 ans. J'ai deux ados en pleine crise d'identité à la maison, et ils m'en font tellement voir de toutes les couleurs que j'ai du mal à être "toute là" au travail. C'est dur à vivre, parce que ça me donne l'impression d'être à la fois une mauvaise mère et une mauvaise employée...»
Sans parler de la fatigue, de la démotivation et des risques accrus de dépression qui découlent d'une mauvaise gestion travail-famille. Sans oublier non plus la dégradation des rapports conjugaux et l'odieux sentiment de culpabilité qui surgit chaque fois qu'on ne consacre pas assez de temps à nos enfants ou à nos parents vieillissants.
«En tenant absolument à réussir dans chacune des sphères de notre vie, on finit forcément par s'embourber», explique Mélissa Lemieux, coach de vie professionnelle et auteure de l'agenda Mon bien-être au boulot (paru en 2008 aux Éditions de l'Homme). «Parmi toutes nos priorités, on oublie souvent de se ressourcer - ce qui constitue un bon moyen de laisser sortir la vapeur! Or, une femme qui ne le fait pas sera plus impatiente et perdra plus rapidement ses moyens, parce qu'il est impossible de concilier travail et famille sans stress.»
Les contrecoups de notre quotidien houleux se répercutent évidemment aussi sur l'entreprise qui nous emploie. Baisse de rendement, augmentation du taux d'absentéisme, roulement accru du personnel... Pas étonnant que le rapport Au travail! Canada 2007 de la société Watson Wyatt révèle que près de 25 % de la main-d'oeuvre est moins productive parce qu'elle n'a tout simplement pas l'énergie physique ou mentale requise pour effectuer son boulot. D'où l'urgence d'une intervention de l'État.