Deux globetrotteuses et une casanière
La liberté de ces années-là, elles ont un plaisir fou à se la remémorer. «Vous rappelez-vous, les filles, comme on en a fait du macramé? s'exclame Sylvie. Et nos jupes longues, avec des bottes de construction! Évidemment, on ne portait pas de soutien-gorge... Ça aussi, ça nous a soudées: côté vestimentaire, on refusait tout ce qui nous semblait superficiel.»
Après les études, les voilà parties dans un road trip . «Arline et moi, on a roulé dans l'Ouest canadien en coccinelle Volks, dit Sylvie. Puis, je suis restée seule à Prince Rupert (sur l'île de Kaien, près de la frontière de l'Alaska), où j'ai travaillé plusieurs mois sur des bateaux de pêche.»
Si Andrée est l'élément le plus stable du trio - même conjoint, même emploi de directrice de la comptabilité chez Spectra depuis 22 ans -, ses amies, elles, ont eu la bougeotte. De vraies aventurières! Tâtant de divers métiers, butinant d'un chum à un autre, elles sont parties vivre à l'étranger. «Sylvie a habité plusieurs années au Costa Rica, raconte Arline. Et nous sommes allées la voir là-bas. Quelle que soit la distance, Sylvie, c'est la fidélité même, la rassembleuse qui a toujours fait le lien entre nous. En 1996, quand elle est revenue au Québec, c'est moi qui suis partie à Sainte-Lucie, dans les Antilles, avec Paul, mon conjoint actuel qui est capitaine de bateau.»
Les copines ont d'ailleurs eu l'occasion de vivre des retrouvailles mémorables sur l'eau. «Il y a quatre ans, Paul travaillait sur un yacht de millionnaire, alors j'ai invité Sylvie et Andrée à bord. Comme on adore la musique, on a beaucoup dansé, toutes les trois. Et on a parlé. C'est très important dans notre amitié. Si quelque chose nous gêne, on se le dit tout de suite. C'est pour ça qu'on n'a jamais eu de vraies chicanes.»
Depuis, les deux globetrotteuses se sont stabilisées: Arline est maintenant éducatrice dans un centre de la petite enfance, tandis que Sylvie élabore des menus pour de grands restaurants. Comment leur amitié a-t-elle tenu le coup malgré certaines périodes d'éloignement géographique et des horizons professionnels différents? «Nous sommes très complémentaires», répond Andrée. Aussitôt, Arline - le boutentrain du groupe (parfois un peu «contrôlante», précisent affectueusement les deux autres) - corrige: «Entre nous, c'est... confortable. C'est très sain aussi, il n'y a aucune rivalité.» Sylvie renchérit: «C'est vrai: chez Andrée, qui est très généreuse et accueillante, on ne se gêne pas pour ouvrir le frigo. Tout est facile entre nous.»