Amies puis collaboratrices
La fréquentation de milieux aussi différents aurait pu les séparer. Au contraire, ça s'est avéré pour elles une occasion d'échange. «J'ai toujours été curieuse, note Kathline. Or, Diane m'apportait un point de vue qui m'ancrait dans la réalité. Il ne faut pas seulement respecter la différence de l'autre, il faut l'aimer! Toutes jeunes, déjà, nos personnalités étaient très distinctes.
Il n'y a rien de fusionnel dans notre amitié, et on ne s'est jamais définies par notre travail ou notre statut social. J'ai toujours apprécié chez Diane cette capacité à mener ses propres projets, et c'est réciproque.»
Dans la vingtaine, ces fidèles amies se sont toutefois vues moins souvent pendant deux ans. «À l'époque, Kathline vivait en couple avec un collègue d'IBM - une relation où elle s'efforçait d'être la femme d'intérieur parfaite, ce qui ne lui allait pas du tout. Un jour, j'ai dit à Jacques: "J'ai rêvé de Kathline. Il faut que je l'appelle." Ça tombait pile. Elle venait juste de rompre et elle avait besoin de moi.» Kathline est alors venue s'installer un temps chez Diane. «La chambre d'amis? Il y avait mon nom sur la porte!» plaisante-t-elle.
À 28 ans, Kathline a rencontré son conjoint actuel. «Elle m'en parlait tellement que j'ai suivi l'évolution de son nouvel amour au jour le jour, raconte Diane. Car c'est une passionnée, mon amie!» Puis, à quelques mois d'intervalle, elles sont toutes deux tombées enceintes. «Comme nous habitions près l'une de l'autre, on a élevé ma fille et son fils ensemble, ajoute Diane. Nos chums s'entendaient aussi comme larrons en foire. Notre loisir préféré, c'était la belote: on jouait toujours aux cartes! On riait, on s'amusait bien.»
Les deux amies avaient également une vie sociale bien remplie. «On a toujours été des "bêtes sociales", déclare Diane. À nous deux, on peut facilement réunir 300 personnes. Chez moi, à l'époque, c'était aussi achalandé que la station de métro Berri-UQAM!» En 1983, Diane a donné naissance à son deuxième enfant, un garçon. Six ans plus tard, dans un élan de retour à la terre, elle et Jacques ont acheté une ferme à Durham-Sud, près d'Acton Vale. «Il y avait une grande cuisine, se rappelle Kathline. Diane et moi, on s'entendait si bien qu'on s'est dit qu'on pourrait aussi travailler ensemble. Et c'est là, au début des années 90, que l'idée d'un service de traiteur - avec commandes par téléphone, puis par Internet - a surgi.» Cette première collaboration professionnelle a duré 10 ans. «On a alors mis fin à notre entreprise parce qu'on n'avait pas vraiment le goût de lui donner plus d'expansion», ajoute-t-elle.