Des rituels à réinventer
«Dans les sociétés anciennes, les changements de cycle étaient considérés comme les moments les plus importants de la vie, des étapes majeures où toutes les forces vitales s'enflammaient. Les Amérindiens appelaient cela le "temps de rêve"», explique Paule Lebrun, présidente fondatrice de Ho Rites de passage, une entreprise spécialisée en travail rituel. Jadis soutenue par la communauté, chaque transition comportait un deuil à faire, suivi d'une renaissance; elle était perçue comme une accession à une autre phase de l'existence.
En puisant dans l'inconscient collectif, les trois femmes qui ont livré leur récit dans ce reportage se sont réinventé des rites ayant «un sens pour leur âme», note Paule Lebrun. Selon elle, ces rites rejoignent les archétypes du voyage - «au Moyen-Âge, déjà, le pèlerinage était le plus grand rite de passage» - et du désir d'être honoré. «On a besoin que la communauté reconnaisse que le passage est accompli», souligne-t-elle.
Autrefois collectifs, ces rites d'un nouveau genre reflètent l'individualisme de notre époque. «On est maintenant obligé de concevoir soi-même ses propres passages», remarque Paule Lebrun, qui se dit néanmoins convaincue que ces étapes de vie seront de plus en plus soulignées. «On y retrouvera quelque chose des rites anciens, mais dans des formes contemporaines. Car marquer les transitions est un besoin humain fondamental.»
Chantal Dauray, auteure de Réinventez vos cérémonies, fêtes et rituels! (Stanké), constate elle aussi que les gens sont en manque de rites: «En attendant de retrouver des rituels collectifs qui nous inscrivent dans une communauté, faisons en sorte d'ancrer les moments forts de notre vie à notre manière, dit-elle. Il y a mille façons de célébrer... et ça n'a pas besoin d'être compliqué!»
La version originale de cet article a été publiée dans le numéro d'automne 2008 du magazine Vita .