L'angoisse de l'attente
Je ne sais pas pour vous, mais moi, mon autocollant, je l'ai signé. Sur un coup de tête, je l'avoue. Je sortais tout juste d'une entrevue avec une femme lumineuse, Marie-France Dufault, greffée du foie depuis maintenant sept ans (voir le reportage paru dans Vita en nov. 2009). Assise dans ma voiture, sur le chemin du retour, je me souviens de m'être demandé: «Peut-on être fière d'agir aujourd'hui pour une vie qu'on sauvera peut-être demain? »
Aussitôt rentrée chez moi, j'ai pris mon stylo et apposé mon autographe au dos de ma carte d'assurance maladie. Fin de l'histoire? Non. Il y a quelques mois, Vita me proposait cette fois d'enquêter sur certains aspects troublants de la démarche du consentement. Ainsi, selon un sondage réalisé en 2008 par Impact Recherche, 91 % des Québécois sont favorables au don d'organes . Pourtant, seulement 55 % d'entre eux ont officiellement exprimé leur intention d'y consentir à la Régie de l'assurance maladie du Québec (RAMQ) ou à leur notaire.
Pourquoi un tel écart? Parce que, pour donner, il faut plus qu'un simple coup de cœur...
L'angoisse de l'attente
«La greffe n'est pas synonyme de guérison, mais ça prolonge quand même la durée du bonheur!» s'exclame Nathalie Rivard, 43 ans. Au moment de notre rencontre, au printemps dernier, c'est tout ce que demandait cette résidente de Saint-Pascal (Kamouraska): continuer à vivre avec des poumons qui fonctionnent vraiment. Atteinte d'hypertension pulmonaire, elle était branchée 24 heures sur 24 à une pompe qui contribuait à dilater ses artères par l'entremise d'un cathéter.
Même si la maladie était contrôlée, «certaines pertes de capacités sont définitives, précisait pudiquement Nathalie. Et on sait qu'à un moment donné il y aura une fin». D'où le recours à la greffe .